Les fouilles menées cet été sur le site d’Angeac-Charente (16) ont permis de dégager une partie des restes d’une nouvelle espèce de sauropode. Un herbivore géant qui vivait dans la région il y a 140 millions d’années. Une découverte qui confirme la richesse exceptionnelle de ce gisement

Impactée par la pluie, la 15ème campagne de fouilles du site d’Angeac-Charente (16) avait mal commencé. Elle s’est terminée en apothéose avec la découverte d’une partie du squelette d’un grand dinosaure sauropode. Le caractère exceptionnel de cette découverte tient au fait que les os de cet animal n’ont pas été désarticulés et dispersés après sa mort. « C’est la première fois que l’on trouve des éléments d’un squelette qui sera peut-être entier à la fin » s’enthousiasme le paléontologue Jean-François Tournepiche, Conservateur en chef honoraire du patrimoine au musée d’Angoulême.

Une surprise de taille

Les paléontologues ont d’abord pensé avoir découvert les restes d’un nouveau spécimen de Turiasaure, un dinosaure sauropode dont de nombreux restes ont été sortis de terre à Angeac-Charente depuis 2010, mais ils se sont rapidement rendu compte que l’anatomie de ce dinosaure était différente. « Ronan Allain (paléontologue du Muséum responsable des fouilles) a tout de suite vu que le bassin de cet animal était différent de celui du Turiasaure ». Idem pour les dents, grandes et en forme de spatule, proches morphologiquement de celles d’un Camarasaurus. « C’est donc bien une nouvelle espèce de sauropode proche de Camarasaurus que nous avons découvert cet été à Angeac » confirme Ronan Allain, dans un entretien publié sur le site du Muséum.

La morphologie de ses dents, de ses vertèbres et la robustesse des os de son bassin montrent que l’on a affaire à un animal de taille plutôt modeste, « mais qui est quand même un beau bébé de 15 à 20 mètres pour un poids de plusieurs dizaines de tonnes » relève Jean-François Tournepiche. « Il nous faut maintenant le définir, ce qui va prendre un peu de temps, et le classer dans la lignée de ces grands dinosaures herbivores ».

Une énigme et beaucoup de travail à venir

« Sa découverte ouvre aussi une question vertigineuse… Que fait cet animal chez nous ? » Jusqu’à présent, les Camarasaures sont connus par des squelettes trouvés… aux États-Unis. 

Par ailleurs, la mise au jour des restes de cet animal n’est que le début d’un travail qui va s’étaler sur plusieurs années. Protégés par des coques en plâtres, ses os ont été acheminés au musée d’Angoulême et au Muséum de Paris. « Il faut maintenant les dégager de leur gangue d’argile, les étudier, les comparer avec ceux d’autres espèces européennes et américaines, nommer cette nouvelle espèce, publier les résultats de ce travail… Nous n’en sommes qu’au tout début ». En 2025, l’équipe a bon espoir de mettre à jour la suite du squelette sur le site d’Angeac-Charente. À terme, le squelette remonté de cette nouvelle espèce de sauropode sera présenté au public.

Alexandrine Civard-Racinais

Angeac-Charente, nouvel eldorado des paléontologues

• Le site fossilifère d’Angeac-Charente est situé à une vingtaine de kilomètres au Nord-Est de Cognac et à l’Ouest d’Angoulême.

• Fouillé depuis 2010, il est en passe de devenir un site majeur à l’échelle mondiale en raison de la quantité, de la diversité et de la qualité de préservation des fossiles exhumés.

• Il a livré plus de 100 000 fossiles permettant de reconstituer un écosystème complet vieux de 140 millions d’années (Crétacé), au sein duquel coexistaient une quarantaine d’espèces de vertébrés.

• Un projet de valorisation du site, porté par le Grand Cognac, est en cours. Avec, à terme, la création d’un lieu permanent de médiation pour partager ces trésors avec le plus grand nombre.

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