C’est la grande crainte des parents : la mort subite ou inattendue du nourrisson. Curieux fait le point sur ces morts imprévisibles : causes, signes qui doivent alerter, précautions à prendre pour réduire les risques… Explications du professeur Olivier Brissaud, responsable de la réanimation et des soins intensifs polyvalents pédiatriques du CHU de Bordeaux
Chaque année en France, 250 à 350 bébés de moins de deux ans jusqu’ici en bonne santé apparente meurent de façon soudaine et incompréhensible, le plus souvent pendant leur sommeil. On parle alors de mort inattendue du nourrisson (MIN). C’est la première cause de mortalité infantile chez les enfants âgés de moins d’un an en France.
« Après des analyses poussées, dont une autopsie obligatoire, une cause de décès est trouvée dans 40 % des cas environ, indique le professeur Olivier Brissaud, responsable de la réanimation et des soins intensifs polyvalents pédiatriques du CHU de Bordeaux et coordinateur du centre mort subite du nourrisson en Aquitaine. « Le décès peut être attribuable à un accident de couchage, à une infection, à une maladie cardiaque, digestive, métabolique ou génétique ou encore, dans de rares cas, à un traumatisme infligé comme le syndrome du bébé secoué. Dans 60 % des cas environ, on ne trouve aucune cause directe. On conclut alors à une mort subite inexpliquée du nourrisson. »
Des facteurs de risque connus
Il y a des bébés plus exposés que d’autres comme le précise le pédiatre : « les prématurés, car ils sont plus petits et immatures et que leurs bronches sont plus petites. Et il y a une période plus risquée aussi : les six premiers mois de la vie car le nourrisson ne parvient pas encore à lever la tête, lourde, pour respirer quand il est sur le ventre, et n’est capable de respirer par la bouche qu’à partir de 4-5 mois. Mais la MIN est souvent due à une combinaison de plusieurs facteurs de risque : prématurité, faible poids de naissance, exposition à la nicotine in utero (tabagisme maternel durant la grossesse) et après la naissance, position de sommeil sur le ventre ou le côté, chaleur excessive, prédispositions génétiques, etc. »
Coucher le bébé sur le dos
Toutefois, il existe des moyens de diminuer les risques de mort inexpliquée du nourrisson. « Depuis les années 90, on sait que le couchage du bébé sur le ventre augmente ce risque, précise l’expert. Par conséquent, nous recommandons de coucher le bébé sur le dos sur un matelas ferme et ajusté au lit, dans un lit rigide (par exemple un lit à barreaux) et sans rien qui puisse gêner la respiration durant son sommeil : pas de tour de lit, ni cale-tête, ni cale-bébé, pas de support mou, qu’un seul doudou et éloigné des voies respiratoires de l’enfant… L’enfant doit dormir dans une turbulette bien attachée, à la bonne taille et adaptée à la saison. Pas d’oreiller, ni coussin, ni couette, ni drap, ni couverture ! Et dans la chambre, la température idéale est de 18 à 19°C. »
Pas de « cododo » ni de tabagisme !
L’OMS recommande que le tout-petit dorme dans la même pièce que ses parents jusqu’à au moins six mois : cela diminuerait le risque de mort subite. « A condition qu’il sommeille dans son propre lit, pas dans celui des parents. Pas de « cododo » ou « cosleeping !», souligne le professeur Brissaud. Autre conseil : « ne couchez pas bébé d’emblée après le biberon ou la tétée ; patientez un quart d’heure, attendez le rot postprandial. Si le tout-petit est enrhumé ou présente un reflux gastro-œsophagien, le faire dormir en position proclive de 30°C en surélevant deux pieds du lit ou en plaçant un coussin de tête plan incliné sous le drap housse mais rien entre le matelas et l’enfant ! »
D’autre part, « le tabac in utero puis un environnement fumeur constituent aussi des facteurs de risque de mort inattendue, mais aussi d’infections respiratoires, d’aggravation d’un asthme, etc. », poursuit le pédiatre.
Enfin, un statut vaccinal à jour, l’utilisation d’une tétine et l’allaitement maternel jusqu’à au moins 6 mois ont montré des effets protecteurs.
Florence Heimburger