C’est une sale réputation qui nous poursuit aujourd’hui encore : les Français seraient plutôt sales. Une légende qui date mais qui a la peau dure. D’autant qu’elle est régulièrement contredite

Connaissez vous Pépé le Putois ? Pour les Américains, il a tout du Français : ce personnage de Looney Tunes drague lamentablement tout ce qui bouge, parle avec un accent incompréhensible et surtout… il pue. Né en 1945 sous le nom originel de « Pepé Le Pew », il s’inspirait de « Pépé le Moko », interprété successivement par Jean Gabin et Charles Boyer, les deux symboles du cinéma français d’alors.

Il s’inspirait surtout de la première impression des GI débarquant en Normandie, à l’époque région rurale et reculée, où les fermes ne possédaient ni toilettes intérieures ni douches et où le savon était denrée rare après cinq ans de guerre.

Impression d’autant plus prégnante qu’elle faisait écho au « french bath » expression anglaise cette fois, qui servait à désigner une personne trop parfumée et forcément… suspecte de camoufler une odeur nauséabonde. Car tous les voyageurs passant par Versailles au XVIIème siècle avaient noté cela : l’odeur pestilentielle du palais où l’on se lavait rarement. Les Anglais ayant la rancune aussi tenace que la dent dure, le monde anglo-saxon avait tenu ceci pour acquis depuis : les Français sont les rois du monde en parfum parce qu’ils ne se lavent pas.

Au-dessus de la moyenne européenne

Comme toutes les réputations négatives, elle est restée bien ancrée parce qu’elle est plus rigolote que la vérité : selon une étude de l’Ifop en 2022, les Français sont plutôt au dessus de la moyenne européenne en matière d’hygiène corporelle. Réalisée auprès de 5 000 personnes des cinq pays les plus peuplés du continent (Allemagne, France, Espagne, Italie, Grande-Bretagne), elle montre que 76% des Français procèdent à une toilette complète quotidienne ce qui est plutôt bien (contre 77% des Allemands, 82% des Espagnols mais 68% des Britanniques et surtout… 53% des Italiens). Un énorme progrès par rapport aux années 50 où le magazine « Elle » avait relevé que 52% des Françaises seulement se lavaient le corps tous les jours. Le magazine n’avait même pas pris la peine de sonder les hommes sur le sujet… tout un programme.

C’est un peu moins bien (mais plus resserré) en matière d’hygiène vestimentaire, seuls 73% des hommes changent de sous-vêtements tous les jours (75% en Grande-Bretagne, 77% en Italie et Allemagne, 82% en Espagne). Petit détail amusant : 1% de nos concitoyens n’en changent que tous les 15 jours. Bon courage… Le fossé est ici générationnel : 39% des plus de 70 ans ne se changent pas tous les jours contre moins de 20% des moins de 25 ans. Souvenir d’une époque où le lave-linge était moins répandu et les sous-vêtements plus chers. Pour les femmes, les Françaises qui changent quotidiennement de culotte est dans la moyenne européenne : 93%.

L’hygiène, c’est le regard de l’autre

Surtout, c’est le statut sexuel qui fait l’hygiène : seuls 49% de ceux qui n’ont jamais eu de rapport sexuel et 48% de ceux qui n’en ont pas eu depuis plus d’un mois se douchent quotidiennement. Preuve que l’hygiène se détermine essentiellement vis-à-vis du regard de l’autre. Le laisser-aller de la période confinement n’était pas fortuit.

Pour autant, faut-il pour autant se laver intégralement tous les jours ? Hé bien… pas forcément. Notre peau est protégée naturellement des bactéries par un film hydrolipidique, un mélange d’eau et de graisse qui recouvre notre corps dont la douche élimine entre 50 et 80%. Comme il met 24 heures pour se reconstituer, beaucoup estiment que se doucher tous les deux jours permet d’améliorer sa protection naturelle, sans pour autant être vraiment sale. Avec les changements climatiques, ça pourrait être une bonne idée pour économiser sur les 57 litres en moyenne que consomme une douche.

Jean Luc Eluard

Avec le soutien du ministère de la culture

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