Contrairement aux idées reçues, les cyclistes et les piétons inhalent plus de particules fines issues du trafic routier que les usagers des transports motorisés, individuels ou communs. Explications…

« À Paris à vélo, on dépasse les autos ! » chantait Joe Dassin, dans les années 70. « En vélo dans Paris, on dépasse les taxis », mais on respire aussi du carbone suie. Ce polluant appartient aux particules fines PM2,5 dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres (µm)*. Il se retrouve principalement dans la catégorie des PM1 (diamètre inférieur à 1 µm). Ces particules, principalement produites par les moteurs à combustion, sont dangereuses pour la santé humaine.

Les adeptes de la petite reine ou les piétons sont plus exposés à ce polluant que les automobilistes ou les usagers des transports en commun. C’est ce qui ressort de travaux récents, menés par une équipe de scientifiques de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm/Sorbonne Université) encadrée par Basile Chaix, directeur de recherche à l’Inserm.

Une plus grande inhalation de polluants chez les usagers actifs

Dans le cadre de l’étude MobiliSense**, 283 volontaires recrutés dans la métropole du Grand Paris ont été suivis pendant plusieurs jours lors de leurs déplacements et sur leurs lieux de résidence ou de travail. Les participants étaient équipés de capteurs embarqués capables de mesurer la concentration de carbone suie près de leurs bouches. Ils portaient aussi un accéléromètre permettant d’évaluer l’intensité de leur activité physique et la quantité de carbone suie inhalée. Ces deux variables ont été comparés en fonction des différents modes de transports utilisés : marche, vélo, voiture et transports en communs.

Conclusion : « bien que la marche à pied et le vélo exposent l’usager à une concentration en carbone suie très inférieure à celle des transports motorisés (en commun ou privatifs), l’augmentation de la ventilation due à l’activité physique entraîne l’inhalation de quantités plus importantes de ce polluant ».

Les cyclistes plus exposés au carbone suie que les piétons

Le détail de ces travaux, publiés en 2022 dans Environment International, montrent que le vélo est associé à l’inhalation de carbone suie la plus élevée. L’effort physique entraîne en effet une ventilation par minute plus importante. Par ailleurs, le cycliste circule au milieu ou à proximité du transport routier. Mécaniquement, il inhale donc plus de polluants qu’un marcheur : 0,41 microgramme de plus pour trente minutes de trajet.

De tels résultats invitent à la mise en place de nouvelles recommandations de santé publique, et non à une remise en question des mobilités douces.« L’inhalation de polluants aériens ne constitue qu’un élément du tableau des bénéfices et des risques associés aux différents modes de transport » souligne le chercheur Inserm Basile Chaix « Il faut également considérer les autres pièces du puzzle que sont l’exposition au bruit, le stress dans les transports et l’activité physique réalisée, pour laquelle la pratique de la marche et du vélo est largement recommandée ».

En revanche, les cyclistes éviteront désormais de chanter à tue-tête « La complainte de l’heure de pointe » de Joe  Dassin en se faufilant entre deux voitures dans un trafic dense.

Alexandrine Civard-Racinais

* À titre de comparaison, le diamètre d’un cheveu humain varie de 50 à 100 µm environ.

** Étude menée de mai 2018 à octobre 2020.

Connaître la qualité de l’air et agir en conséquence 

Pour être informé des niveaux de pollution auxquels vous êtes exposés durant vos trajets et adapter ceux-ci en conséquence :

Utilisez les applications Air to go en régions Auvergne-Rhônes-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté, Airparif Itiner’AIR en Ile-de-France, Naonair sur Nantes Métropole ;

• Inscrivez-vous aux bulletins d’information de la qualité de l’air émis par l’association agréé de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), présente dans votre région et consultez ses comptes sur les réseaux sociaux.

Avec le soutien du ministère de la culture

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