D’après une étude américaine publiée sur le sujet, le stress pourrait bien contribuer au grisonnement des cheveux. Mais la bonne nouvelle, c’est que ce phénomène semble être réversible dans certains cas

L’expression populaire « se faire des cheveux blancs » répond-t-elle à une vérité scientifique ?  D’après une étude publiée par un groupe de chercheurs américains et brésiliens dans la revue Nature, ce serait effectivement bien possible. En tout cas chez les souris.       

Gare au stress

Les chercheurs ont observé que chez les rongeurs soumis à un état de stress, l’hyperactivation des nerfs sympathiques conduit à une diminution rapide du nombre de cellules souches mélanocytaires. Or ces dernières sont responsables de la coloration des poils car leur pigmentation provient de la mélanine générée par les mélanocytes situés dans le bulbe du follicule pileux. L’épuisement des mélanocytes mène ainsi à la formation de poils blancs chez les souris.

Mais est-ce le cas également chez les humains ? Une étude publiée par une équipe de scientifiques de l’université Columbia de New York est parvenue à montrer pour la première fois que le stress peut effectivement conduire à une perte de coloration des cheveux. Les chercheurs ont analysé les cheveux de 14 volontaires grâce à un scanner à haute résolution, et ont comparé ces résultats au niveau de stress ressenti par les participants. Chacun d’entre eux devait tenir un journal dans lequel il était demandé d’auto-évaluer son niveau de stress au fil du temps.

Résultat : les scientifiques ont observé une bonne corrélation entre le grisonnement des cheveux et le niveau de stress des volontaires.

Un phénomène réversible

Chez certains participants, le processus s’est même inversé lors de périodes où le stress a diminué significativement. « Nous avons observé que 5 cheveux d’un individu sont redevenus foncés pendant ses vacances », souligne dans un communiqué Martin Picard, professeur associé de médecine à l’université Columbia et co-auteur de cette étude.

Mais comment expliquer cette réversibilité ? Car si le grisonnement était induit par la perte irréversible de cellules souches mélanocytaires, comme observé chez les souris, les cheveux ne pourraient pas retrouver leur couleur initiale.

Sur la piste des mitochondries

D’après les chercheurs de l’université Columbia, le mécanisme de blanchiment des cheveux lié au stress pourrait donc être différent chez les humains. Et il faudrait, selon eux, chercher l’explication du côté des mitochondries. Ces organites situés dans nos cellules ont pour rôle de fournir à ces dernières l’énergie nécessaire à leur survie et à leur fonctionnement.

« Les mitochondries sont les centrales énergétiques de la cellule, mais ce n’est pas leur seul rôle. Elles agissent en fait comme de petites antennes à l’intérieur de la cellule qui répondent à un certain nombre de signaux différents, et notamment au stress psychologique », explique le chercheur Martin Picard dans un communiqué.

En perturbant les processus à l’œuvre dans les mitochondries, le stress pourrait ainsi conduire les cheveux à perdre leur pigmentation.

Cependant, cela ne signifie pas qu’en se coupant totalement de toute source de stress, il sera forcément possible de récupérer une chevelure colorée.

« D’après nos modélisations mathématiques, nous pensons que les cheveux doivent atteindre un certain seuil avant de devenir gris. Lorsque les cheveux en sont proches en raison de l’âge biologique et d’autres facteurs, le stress les poussera au-delà de ce seuil et ils deviendront gris.

Mais nous ne pensons pas que réduire le stress chez une personne de 70 ans qui a des cheveux gris depuis des années va foncer ses cheveux, ou qu’augmenter le stress chez une personne de 10 ans suffira à faire passer ses cheveux au-dessus du seuil au delà duquel les cheveux deviennent gris », précisent les chercheurs de l’université Columbia.

Alors si les cheveux blanchissent, il ne faut quand même pas tout mettre sur le dos du stress. 

Thomas Allard

Avec le soutien du ministère de la culture

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