Comment mieux vivre avec l’endométriose, maladie chronique encore sous diagnostiquée qui touche une femme sur dix ? Cette question est au cœur des travaux de Géraldine Escriva-Boulley, chercheuse à Université de Haute-Alsace, responsable scientifique de l’étude CRESCENDO, pour « accroitre le sport et l’exercice pour combattre l’endométriose »

Faire du sport peut paraître contre intuitif lorsqu’on souffre de douleurs. Quel a été le point de départ du programme Crescendo ?

Géraldine Escriva-Boulley : De précédentes études avaient déjà mis en évidence le bénéfice de l’activité physique pour réduire les douleurs chroniques, neuropathiques (douleurs relatives à une lésion ou à un dysfonctionnement du système nerveux) et les processus inflammatoires associés. Mais à notre connaissance, ce lien n’avait jamais été établi dans le cadre de l’endométriose. Or, douleurs pelviennes et fatigue sont les symptômes les plus récurrents de cette maladie qui est aussi fréquemment associée à des douleurs neuropathiques.

On pouvait donc supposer que l’activité physique serait susceptible de soulager ces douleurs et d’améliorer la qualité de vie. Pour tester cette hypothèse, nous avons élaboré un programme, pour et avec des femmes souffrant d’endométriose. Bien que d’autres programmes existent, leur résultats n’ont jamais été publiés et ces études n’étaient pas participatives. C’est donc la première étude à le faire. Pendant 6 mois, nos volontaires ont suivi un programme combinant activité physique adaptée (APA) et activités éducatives sur l’endométriose.

Pourquoi articuler activités physiques et activités éducatives ? 

Géraldine Escriva-Boulley : Il est important de donner aux femmes souffrant d’endométriose des clés pour bien gérer leur santé. Mieux on connait sa maladie, mieux on peut la gérer, tester et s’autoriser des choses… comme une reprise de l’activité physique. La nutrition peut aussi être un atout pour lutter contre les inflammations. Mieux gérer sa maladie, renforce aussi une confiance de soi souvent mise à mal…

Sur la base des premiers résultats de ce programme, quels sont les sports qui semblent bénéfiques ?

Géraldine Escriva-Boulley : Tous ! En particulier, le yoga, le pilates ou le stretching qui semblent contribuer à une diminution significative de la douleur. Contre toute attente, les activités basées sur le cardio, comme la Zumba ou le cardio-boxing, diminuent la sensation de fatigue, sans doute en raison de leur effet euphorisant.

Il faudra vérifier si cette amélioration perdure dans le temps, mais même si l’effet reste limité c’est toujours bon à prendre ! Tous types d’activités confondus, nos résultats provisoires* suggèrent une amélioration significative de la douleur et une tendance à l’amélioration de la fatigue et de la qualité de vie.

En conséquence, la pratique de l’activité physique peut être conseillée et encouragée. Attention toutefois à ne pas se mettre dans n’importe quelles mains ! Le mieux est de se faire conseiller par des professionnels de santé (gynécologues, sages-femmes…) ou accompagner par des professionnels de l’activité physique (enseignants en APA, kinésithérapeutes…) pour reprendre, adapter ou co-construire des routines personnalisées. Et de s’écouter !

Propos recueillis
par Alexandrine Civard-Racinais

Les résultats définitifs du programme crescendo seront présentés au printemps 2025.

Reconnaître l’endométriose

• L’endométriose est une maladie gynécologique qui se caractérise par la croissance de l’endomètre, un tissu semblable à la muqueuse utérine, en dehors de la cavité utérine. 
• L’un des symptômes les plus courants est une douleur pelvienne chronique associée à une grande fatigue.
• Aucun traitement n’existe à ce jour.

A  regarder (et tester !) : 

Postures pour soulager les douleurs d’endométriose et des règles proposées par Géraldine Escriva-Boulley, chercheuse à l’Université Haute-Alsace, responsable scientifique de l’étude crescendo.

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