Les prix des fameux IG Nobel, contrepied loufoque des Nobel viennent d’être remis à l’Institut de technologie du Massachusetts, le célèbre MIT. Au menu de la cérémonie, des travaux scientifiques toujours étonnants et hilarants. De la respiration par l’anus à la nage des truites mortes en passant par les boucles des cheveux
Depuis 33 ans, c’est devenu LE rendez-vous scientifique de l’année qui commence à avoir la même couverture médiatique que les fameux Prix Nobel qui seront décernés dans quelques jours (à partir du 7 octobre).
La cérémonie de remise des IG Nobel (pour ignoble et Nobel) qui se veut autant loufoque que décalée a eu lieu dans le célèbre MIT avec lancer d’avions en papier. Et les primés doivent expliquer leur études scientifiques en 24 secondes et 7 mots. Le tout sous le regard de vrais prix Nobel. Car les IG Nobel « font d’abord rire, puis réfléchir » comme le dit l’organisateur.
1- Une respiration par l’anus
L’étude sur la respiration par l’anus qui a mérité le prix de physiologie n’est pas passée inaperçue. Evidemment si vous faites quelque chose autour du sexe ou des fesses, cela fonctionne. Pourtant, cette étude n’a rien d’une blague potache d’étudiant-e-s en médecine. Elle pourrait même se révéler très précieuse.
Tout commence lors de l’année 2020 et de l’arrivée de la pandémie de Covid-19 où le nombre de cas de patients en détresse respiratoire explose. Dans leur étude publiée dans la très sérieuse revue scientifique Cell, les chercheurs sont graves : « La pandémie de SRAS-CoV-2 a dépassé les besoins cliniques en respirateurs et poumons artificiels, entraînant une pénurie critique d’appareils disponibles et mettant en danger la vie des patients dans le monde entier ».
Ils ont alors recherché la possibilité de ventilation par l’anus chez les mammifères comme le font les poissons loches. Ils ont alors testé la ventilation intra-rectale avec de l’oxygène gazeux et liquide avec du perfluorocarbone. Cette ventilation entérale dite EVA (bref par l’anus) fonctionne chez les porcs, rats et souris chez lesquels l’expérience a été menée.
Et si cette respiration vous inspire…, les chercheurs japonais recrutent un groupe pour la tester sur l’homme.
2- Le sens des boucles de cheveux entre nord et sud
La France n’est pas en reste. Elle a reçu le prix d’anatomie avec le Chili. Pourquoi avec le Chili ? Car il s’agissait d’observer la formation de boucle dans les cheveux dans l’hémisphère nord et dans l’hémisphère sud. Dans le premier, elles ont tendance à se former dans le sens des aiguilles d’une montre. C’est l’inverse pour l’hémisphère sud. Dans leur étude publiée dans Journal of stomatology oral and maxillofacial surgery, ils disent plaider « pour des évaluations épidémiologiques à grande échelle des spires capillaires dans plusieurs populations de l’hémisphère Nord et Sud afin de confirmer ces résultats surprenants suggérant des modulations significatives du développement craniofacial par des effets géographiques. »
Pensez-y en vous brossant les cheveux.
3- Comment une truite morte nage…
On continue dans le loufoque avec le prix de physique. Le chercheur James Liao a étudié comment une truite morte continuer à nager. Publiée dans le Journal of Fluid Mechanics, son étude explique comment un corps peut se déplacer sans effort dans l’eau dans un mode de propulsion passive où « le poisson extrait suffisamment d’énergie des tourbillons pour générer une poussée et compenser sa propre traînée ».
Et c’est ainsi que le chercheur a déclaré lors de la remise des prix qu’une truite morte a une bonne nage… : « J’ai découvert qu’un poisson vivant bougeait plus qu’un poisson mort. Une truite morte remorquée par un bâton bat également de la queue au rythme du courant, comme un poisson vivant qui surfe sur les tourbillons, récupérant ainsi l’énergie de son environnement. Un poisson mort fait des choses de poisson vivant ».
On verra si les Nobel décernés le mois prochain seront aussi bien inspirés !
Alexandre Marsat