La calvitie est depuis toujours une source majeure de préoccupation, notamment pour la gent masculine. C’est pourquoi, de l’Antiquité à nos jours, les hommes ont utilisé divers stratagèmes pour la dissimuler.

Pour comprendre ce phénomène, intéressons-nous à la vie du cheveu. Ils naissent dans les follicules pileux, des petites structures situées sous la peau qui se composent chacune d’une racine et d’un bulbe. Les follicules pileux sont en quelque sorte des usines où les cheveux poussent par cycles avant de tomber.

La phase de croissance du cheveu est appelée phase anagène, elle dure environ 2 à 5 ans chez l’homme et 3 à 7 ans chez la femme. Durant cette période, le follicule pileux produit environ un centimètre de cheveu par mois. Dans un deuxième temps, la phase catagène apparaît, marquant la fin de production du cheveu. Enfin, le cycle de vie du cheveu se termine par la phase télogène : le cheveu mort reste fixé au crâne environ trois mois avant de tomber et de laisser la place au suivant. Chaque follicule pileux peut répéter ce cycle entre 20 et 25 fois avant de s’épuiser. Mais parfois ces cycles peuvent être perturbés, notamment sous l’action des hormones.

En moyenne, un individu possède 100 000 à 150 000 cheveux et en perd environ 40 à 100 quotidiennement. À l’automne, il est courant que certaines personnes remarquent une augmentation de la chute de leurs cheveux. Cette chute capillaire saisonnière s’explique en partie par le manque de luminosité qui a un impact direct sur la pousse du cheveu en agissant sur les hormones et la production de vitamine D. Elle peut aussi être accentuée par le stress et la fatigue qui surviennent généralement à cette période.

Lorsqu’une personne perd plus de 100 cheveux par jour pendant une période prolongée, cette chute de cheveu est considérée comme anormale.

L’alopécie androgénétique héréditaire est la forme la plus courante de chute anormale de cheveux (_Nota bene _ : La calvitie correspond à un stade avancé d’alopécie, le fameux crâne dégarni). Outre la génétique, la responsable n’est autre que la dihydrotestostérone ou DHT, aussi appelée « l’hormone de la chute des cheveux ». Cette hormone est produite lors de la rencontre entre la testostérone (hormone mâle) et une enzyme, la 5-alpha réductase, présente au niveau du cuir chevelu.

Chez une personne non atteinte d’alopécie androgénétique, la DHT n’a aucune conséquence sur la vie du cheveu. Cependant, si la concentration de DHT est trop élevée et que les follicules pileux y sont trop sensibles, le cycle des cheveux ralentit et la pousse d’un nouveau cheveu est retardée. En effet, la DHT provoque la diminution de taille des follicules pileux. Les cheveux deviennent ainsi de plus en plus fins, jusqu’à ce que le follicule soit trop petit pour fabriquer un nouveau cheveu.

Les femmes également touchées, mais différemment

On pense souvent à tort que l’alopécie androgénétique est une affaire d’hommes. On estime d’ailleurs qu’un homme de plus de 70 ans sur trois en est atteint. Or, même si elle touche en majorité les hommes, les femmes peuvent être atteintes de calvitie (environ 20 % des femmes vers l’âge de 40 ans et 25 % à partir de 60 ans), puisque les deux sexes produisent des hormones mâles (testostérone). En effet, la DHT n’est pas seulement présente chez l’homme. Elle l’est également en quantité plus faible chez la femme. Ainsi, la calvitie féminine peut apparaître autour de la ménopause, période durant laquelle les hormones féminines diminuent, laissant les effets de la DHT agir sur les follicules pileux.

D’autre part, l’alopécie androgénétique se manifeste différemment chez les hommes et les femmes. Chez l’homme, ce sont d’abord les tempes qui se dégarnissent puis le front et le sommet du crâne. Chez la femme, l’alopécie est plus diffuse et donc passe plus inaperçue. Les cheveux deviennent plus fins et perdent en densité, notamment au niveau de la raie.

Enfin, les hormones ont bon dos mais il ne faut pas oublier le rôle de la génétique dans la chute de cheveux. En effet, en cas d’alopécie androgénétique, on observe fréquemment des cas de perte de cheveux chez l’un des parents ou grands-parents.

Coralie Thieulin, Enseignant chercheur en physique à l’ECE, docteure en biophysique, ECE Paris

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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