Des températures élevées favorisent la libération sous forme gazeuse d’une substance chimique contenue dans les sièges de nos voitures. Avec des risques potentiels pour notre santé. Mais des mesures simples permettent de s’en prémunir

Tout au long de l’été, les automobilistes ont été invités à faire des pauses régulières et à bien s’hydrater pour éviter de s’assoupir au volant. Mais un autre risque, moins connu, guette les conducteurs en période de fortes chaleurs. Il est lié à la présence dans les mousses de nos sièges, d’une substance chimique appelée TCIPP. Au fil du temps, cette substance est libérée sous forme de gaz et de particules dans l’air intérieur. 

Les fortes chaleurs favorisent la libération des substances chimiques

Or, une équipe de chercheurs américains vient de révéler que l’élévation des températures à l’intérieur de la voiture accroit la libération du TCIPP sous forme de gaz. « Nos données suggèrent que l’exposition dans les véhicules est particulièrement influencée par les conditions dans l’habitacle » soulignent les auteurs de cette étude parue en mai 2024 dans la revue Environmental science & technology

Plus la température s’élève, plus la libération du TCIPP s’accélère. Au point que les concentrations détectées sont neuf fois plus importantes l’été.

Le TCIPP, une substance potentiellement cancérogène

Faut-il s’en inquiéter ? Oui, car le TCIPP est considéré comme potentiellement cancérogène. En juin 2023, un rapport national de toxicologie émanant du Département américain de la santé faisait état de preuves d’activité cancérogènes chez des rats mâles et femelles exposées à cette substance. Avec des augmentations observées de cancers primaires du foie et de cancers de l’utérus.

Chez l’homme, le TCIPP est suspecté de jouer un rôle dans le développement du cancer gastrique et d’altérer la fonction pulmonaire. « Par ailleurs, cette substance fait partie des esters organophosphorés (OPE),  qui suscitent des inquiétudes en raison de leur potentiel de perturbation endocrinienne », s’alarme le docteur Pierre Souvet, président de l’Association Santé Environnement France. « En outre, elle est souvent associée à d’autres substances problématiques ».

Des gestes simples pour limiter le risque ?

Aussi, les auteurs de l’étude s’inquiètent-ils pour la santé des conducteurs amenés à passer beaucoup de temps dans leur véhicule, ou sur celle des enfants. Tout en signalant qu’il est possible de réduire les concentrations de TCIPP par des gestes simples : se garer à l’ombre ou dans un parking en sous-sol peut ainsi permettre de limiter la température dans l’habitacle.

« Ouvrir les portes pour laisser l’air s’échapper pendant quelques minutes le matin, avant de monter dans le véhicule devrait être un réflexe, surtout si l’on transporte un petit enfant à l’arrière », ajoute Pierre Souvet qui conseille d’aérer régulièrement pendant les trajets. Idem chez soi, car les retardateurs de flamme se cachent partout…

Alexandrine Civard-Racinais

Zoom sur le TCIPP

  • Le Tris (1-chloro-2-propyl) phosphate, plus connu sous le nom de TCIPP fait partie des retardateurs de flamme à base d’esters organophosphorés (OPE).
  • Ces derniers sont utilisés dans la mousse de polyuréthane, les meubles, les matériaux de construction, les textiles, l’électronique et l’intérieur des véhicules.
  • Dans l’étude américaine citée plus haut, le TCIPP a été retrouvé dans 99 % des véhicules testés. Il s’agissait de véhicules fabriqués entre 2013 et 2022 par des marques majoritairement américaines (39 %), japonaises (24 %) et allemandes (7 %).

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