Des nouveaux radars vont apparaître sur les routes… Une manière de contrôler que les automobilistes ne roulent pas seuls sur les voies réservées au covoiturage. En analysant la chaleur que nous émettons
C’est presque entré dans les mœurs : considérés à leur création il y a 20 ans comme un objet à utiliser avec précaution pour préserver les libertés publiques, les radars routiers poussent désormais sur tous les bords de route. Leur multiplication semble acceptée, ainsi que la diversification des infractions qu’ils contrôlent. Et les amendes qu’ils distribuent automatiquement. Ce sera 135 € (90 € en cas de paiement dans les 15 jours), tarif désormais classique lui aussi. L’infraction ? Ah oui… il faut bien en parler un peu aussi : il sanctionnera l’utilisation de la voie de covoiturage par un automobiliste seul dans sa voiture.
Losange blanc pour voie réservée
Encore faut-il savoir que l’on est sur ce genre de voie. Parce qu’on ne peut pas dire que grand monde reconnaisse son symbole un peu ésotérique : un losange blanc sur fond bleu pour une voie permanente et un losange lumineux sur fond noir pour une voie qui n’est réservée qu’en cas d’embouteillage. Ces voies sont réservées aux véhicules qui transportent au minimum deux personnes, à ceux qui ont une vignette Crit’air 0 (électriques et à hydrogène mais pas les hybrides), taxis, transports en commun et véhicules de secours. Même les motos n’y sont autorisées qu’avec deux personnes. Ceci étant, la notion de « covoiturage » n’est pas obligatoire : deux personnes, c’est deux personnes. On ne vous demande pas (encore) qu’elle ne soit pas de votre famille.
Testé depuis janvier 2024 à Lyon, ce nouvel engin devrait peu à peu s’étendre sur certains tronçons des environ 120 kilomètres de voies réservées qui existent actuellement en France. Elles devraient se multiplier dans le cadre du plan covoiturage qui prévoit de passer de 900 000 trajets quotidiens effectués ainsi à trois millions en 2027. Inaugurées en 2020 dans la région de Grenoble, le principe de ces voies réservées est d’encourager le covoiturage en permettant aux automobilistes qui le pratiquent d’aller plus vite. Jusqu’à ce qu’il y en ait trop…
L’infrarouge comme mouchard
Ces radars nouvelle forme détectent les présences dans la voiture grâce au rayonnement infrarouge. C’est en 1800 que l’astronome William (ou Friedrich à sa naissance) Herschel découvre que dans le spectre lumineux, les températures diffèrent en fonction de la couleur et qu’elles augmentent fortement après le violet. Et que si l’on dépasse le rouge, elles augmentent encore plus. Il découvre donc l’infrarouge, portion du spectre lumineux compris entre le rouge et les micro-ondes, invisible aux yeux humains. Et tous les objets au dessus du zéro absolu (-273,15°C) en émettent. Même ceux que l’on considère froids : un glaçon émet de l’infrarouge aussi. Et plus un objet est chaud, plus il émet ce rayonnement.
Mais dans le cas qui nous préoccupe, il suffit de régler l’appareil sur la longueur d’onde dégagée par les 37°C du corps humain : 10 µm, soit l’infrarouge moyen. On peut ainsi déterminer combien de personnes vivantes sont dans la voiture. Si vous vouliez transporter des cadavres ou mettre un mannequin à la place du mort pour prendre les voies interdites, c’est loupé ! Le radar détecte le nombre de signatures infrarouges et s’il n’en repère qu’une… il photographie la plaque d’immatriculation. Et donc… 135 €. Ah, le progrès !
Jean Luc Eluard