Des études scientifiques récentes montrent que les animaux d’élevage manifestent des émotions et ont une bonne compréhension des nôtres. Elles ouvrent la voie à une meilleure prise en compte de leur bien-être par les éleveurs

Une vache ne peut pas être triste. Tel est l’opinion erronée exprimée par un quart des 518 élèves de CM1-CM2 interrogés dans le cadre d’une étude menée par la Chaire bien-être animal de VetAgro Sup. La recherche scientifique a pourtant montré que les animaux de ferme comme les cochons, les vaches ou encore les poules ressentent des émotions qui reposent sur des bases neuronales, physiologiques et comportementales proches des nôtres. Et les dernières études scientifiques publiées depuis le début de l’année 2024 apportent encore de l’eau au moulin.

Les poules rougissent sous le coup d’une émotion

Comme nous, les poules rougissent sous le coup des émotions ! En fonction des situations vécues, elles présentent un rougissement plus ou moins important au niveau des joues et des barbillons. Lorsqu’elles vivent une expérience négative, comme une capture avec maintien à deux mains par un humain, toute leur face devient écarlate. En revanche, dans un contexte gratifiant comme la possibilité de prendre un bain de poussière, une situation calme ou en présence d’un humain familier, leur peau présente une coloration beaucoup plus claire. 

Ces résultats, issus d’une étude menée sur des poules domestiques de la race Sussex par une équipe de l’INRAE, ont été publiés le 21 avril 2024, dans la revue Applied Animal Behaviour Science. Ils ouvrent la voie à une meilleure prise en compte de l’état émotionnel d’une poule. Ces changements de coloration, notables à l’œil nu, pourraient être utilisés comme marqueur de son état affectif mais aussi pour évaluer la qualité de la relation entre l’animal et l’éleveur.

A droite, une poule au repos et à gauche, une poule qui a été capturée. PHOTO INRAE – Bertin et Arnould

Les chèvres sont sensibles aux émotions humaines

Décrypter les expressions faciales d’une autre espèce n’est pas l’apanage des chercheurs ! Les chèvres font manifestement aussi bien. On savait déjà qu’elles étaient sensibles aux signaux émotionnels du visage humain et préféraient les visages heureux. 

Une nouvelle étude anglaise, publiée en mars 2024 par la revue Animal Behaviour, nous apprend que ces caprins perçoivent également les différences de contenu émotionnel dans les voix humaines. Les chèvres sont capables de discriminer des voix manifestant une humeur joviale de celles véhiculant une humeur colérique. Cette aptitude résulte vraisemblablement de notre longue co-évolution avec ces animaux, premiers à avoir été domestiqués par l’homme après le chien.

Ces résultats récents, et non exhaustifs, contribuent à étoffer une littérature scientifique encore insuffisante sur la sensibilité émotionnelle des animaux d’élevage et leur rapport à l’être humain. Ce, dans le but d’aider les éleveurs à mieux prendre en compte le bien-être de leurs animaux, dans un contexte de forte attente sociétale en la matière. 

Alexandrine Civard-Racinais

A savoir : 

  • Bien-être animal : état mental et physique positif d’un animal lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal.
  • Émotions : réaction affective intense, mais courte, en réponse à un événement et qui est associée à des modifications physiques et physiologiques spécifiques. 
  • Les capacités émotionnelles d’un animal dépendent de la manière dont il perçoit et évalue le monde environnant.
Source : Chaire Bien-Etre Animal (VetAgroSup).

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