Il existe environ 3 500 espèces de moustiques réparties dans le monde entier (sauf en Antarctique). Les moustiques jouent certains rôles écologiques, ils font partie de la chaîne alimentaire en servant de proie ou de prédateur ; et ils assurent un rôle dans la pollinisation en transportant du pollen d’une plante à l’autre. Ils peuvent également être vecteurs de maladies graves pour les humains et d’autres animaux, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé publique.
Pourquoi les moustiques nous piquent ?
Les moustiques adultes mâles et femelles se nourrissent du nectar des fleurs pour trouver une source d’énergie. Toutefois, la femelle a besoin, elle, d’un complément de sang pour obtenir des protéines nécessaires à la maturation de ses œufs. Le moustique ne pique pas seulement les humains, mais suivant ses préférences il peut piquer des oiseaux, des animaux domestiques comme le chien et le chat et même des serpents. Certaines espèces ont des préférences spécifiques pour certains types de sources de sang et se nourrissent exclusivement sur un type de vertébré, tandis que d’autres sont moins sélectives et peuvent se nourrir sur divers hôtes, en fonction de leur disponibilité.
Pour nous piquer, la femelle du moustique possède un appareil piqueur-suceur composé de pièces buccales spécialisées qui leur permettent de percer la peau des vertébrés, de localiser le capillaire sanguin et d’aspirer le sang une fois la paroi du vaisseau perforée. Elle va nous prélever environ 5 à 10 microlitres (5 à 10 millionièmes de litre) de sang en quelques minutes.
Pourquoi leurs piqûres nous grattent et nous donnent des boutons ?
Lorsqu’un moustique femelle pique, sa trompe pénètre d’abord dans l’épiderme, puis dans le derme de la peau à la recherche d’un capillaire sanguin où elle va aspirer du sang. Durant ces deux phases, elle injecte de la salive qui contient des substances anesthésiantes pour que la piqûre passe inaperçue, et des molécules anticoagulantes pour fluidifier le sang dans sa trompe.
La salive contient une centaine de protéines et certaines provoquent une réaction inflammatoire qui se traduit visuellement par un bouton et par des démangeaisons pouvant aller jusqu’à des réactions allergiques chez certaines personnes. Ce bouton de quelques centimètres de diamètre apparaît quelques minutes après la piqûre et peut démanger plusieurs jours. Le gonflement peut durer plus longtemps, jusqu’à 7 jours. Les réactions varient en fonction de l’espèce de moustique, car la composition de la salive est différente, et d’une personne à l’autre, car la sensibilité individuelle à la réaction vis-à-vis de la piqûre n’est pas identique chez tout le monde.
Cette sensation de démangeaison est une réponse de défense naturelle de notre corps en réponse à l’agression physique de la piqûre et contre la salive du moustique qui est reconnue comme une substance étrangère par le système immunitaire de la peau. C’est donc la réaction inflammatoire de notre corps qui déclenche les démangeaisons, des rougeurs et des gonflements autour de la zone de la piqûre. Des cellules immunitaires de la peau, les mastocytes et les basophiles, s’activent en présence de certaines molécules salivaires et vont, en réponse, libérer de l’histamine et d’autres médiateurs inflammatoires.
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L’histamine a plusieurs effets physiologiques, elle va engendrer une augmentation du diamètre et de la perméabilité des vaisseaux sanguins, ce qui va provoquer un œdème : le bouton de moustique. Elle va également stimuler les fibres nerveuses au niveau de la peau ce qui va engendrer les démangeaisons et l’envie de se gratter. Le grattage procure un soulagement temporaire à la démangeaison en modifiant la façon dont notre système nerveux perçoit les sensations. Lorsque nous nous grattons, nous stimulons les terminaisons nerveuses situées près de la zone qui démange. Ces terminaisons nerveuses transmettent différents types de messages sensoriels, comme la pression ou la douleur. En activant ces terminaisons nerveuses, le grattage crée de nouvelles sensations qui masquent la sensation de démangeaison, offrant ainsi un répit temporaire.
Pour éviter les piqûres de moustiques, la meilleure stratégie est de se protéger en portant des vêtements de couleur claire, couvrants et amples, ainsi qu’en utilisant des répulsifs sur la peau ou les vêtements. Les moustiquaires aux fenêtres évitent que les moustiques rentrent à l’intérieur des maisons. Il est également crucial d’éliminer les eaux stagnantes où les moustiques pondent leurs œufs, en vidant les coupelles sous les pots de fleurs et en couvrant les réservoirs d’eau de pluie. Étant donné qu’une femelle moustique peut pondre une centaine d’œufs à chaque cycle (tous les 6 jours environ), éviter les piqûres contribue à limiter la prolifération des moustiques, et inversement, réduire leur prolifération aide à éviter les piqûres !
Anne Poinsignon, Chargée de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.