Une étude scientifique vient de révéler que notre microbiote intestinal peut jouer un rôle dans nos décisions en communiquant avec notre cerveau. Celui que l’on appelle notre « deuxième cerveau » n’a jamais aussi bien porté son nom

Chaque mois ou presque a sa nouvelle découverte concernant le rôle du microbiote intestinal. La semaine dernière, nous évoquions ici une recherche scientifique dévoilant que « nos flatulences permettent de produire des hormones sexuelles et parmi celles-ci l’alloprégnanolone, une molécule utilisée contre la dépression post-partum. »
Une nouvelle étude scientifique publiée dans la revue PNAS Nexus explique notre microbiote intestinal joue un rôle dans la prise de décision. Nous ne sommes pas prêt d’arrêter de considérer notre intestin comme le « deuxième cerveau ».

Des informations circulent entre le ventre et le cerveau

Un endroit peuplé de bactéries, de virus et de levures composé de milliers de milliards de micro-organismes. Ce microbiote intestinal est loin de se contenter de servir la fonction digestive. En 2020, une étude menée par deux chercheurs de l’Institut Pasteur (le neurobioliogiste Pierre-Marie Lledo et l’immunobiologiste Gérard Eberl) démontrait le lien entre le cerveau et le microbiote intestinal. Comme le précise l’Institut Pasteur : « Notre système digestif abrite 100 000 milliards de bactéries et environ 1 000 espèces différentes. Les messages chimiques de cette biodiversité véhiculent de l’information vers notre cerveau, par voie sanguine ou nerveuse. Fait remarquable, la qualité de ces messages issus du microbiote impacte directement notre santé mentale et notre système immunitaire. »

Cette nouvelle étude pilotée par Hilke Plassmann de l’Institut du cerveau et des scientifiques de l’Université de Bonn démontre donc que le microbiote intestinal peut influencer notre prise de décision.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont procédé par étude comportementale en confrontant des personnes au « jeu de l’ultimatum » pour observer le rôle du microbiote intestinal sur nos choix.  Ce jeu repose sur la pratique du « à prendre ou à laisser » : le premier joueur reçoit une somme d’argent et en propose une partie à l’autre joueur. Si ce dernier la juge trop faible (inéquitable) il refusera et aucun des deux n’aura de gain… L’art de la négociation et de ses tensions. L’acte de refus est nommée « punition altruiste » car le joueur refuse de l’argent pour punir le premier joueur, préférant ainsi l’égalité à l’argent. Ici, c’est alors la sensibilité à l’injustice qui est évaluée.

Influencer positivement la prise de décision par l’alimentation

Pour comprendre le rôle du microbiote dans la prise de décision, les scientifiques ont administré un régime particulier à base de probiotiques et de prébiotiques à la moitié des joueurs et un placebo à l’autre moitié.  
Ils précisent dans leur étude que « le changement dans la prise de décision sociale était lié à des modifications des taux sériques à jeun de la tyrosine, précurseur de la dopamine, proposant un lien mécanistique potentiel le long de l’axe intestin-microbiote-cerveau-comportement. »

Les joueur ayant reçu un traitement diététique ont toujours refusé l’offre même quand elle n’était que très légèrement inégalitaire.

Un résultat qui permet à Hilke Plassmann de déclarer : « La perspective de moduler le microbiote grâce à l’alimentation pour influencer positivement la prise de décision est très enthousiasmante ! Nous devons explorer cette piste avec le plus grand soin. »

A ne pas en douter, le rôle du microbiote intestinal dévoilera encore nombre de mystères.

Alexandre Marsat

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