Apprendre à connaitre et à respecter les animaux est un enjeu. Pour les animaux eux-mêmes, mais aussi pour les élèves et la société tout entière. Car nous avons tous à y gagner
Foin, pommes et carottes. Ce régime n’est pas celui des élèves accueillis en petite et moyenne section de maternelle au sein de l’école élémentaire Rosa Bonheur de Saint-Christophe-de-Double (Gironde), mais de la mascotte de la classe : Toufu. (1) Les gâteaux sont proscrits… En revanche, la prise en compte des besoins fondamentaux et du bien être de ce lapin à la robe gris perle est au menu des 14 élèves de la classe.
Les enfants veillent à ce que Toufu ait toujours de la nourriture et de l’eau propre à disposition, sans compter une bonne dose de câlins. « Les élèves apprennent aussi à ne pas le brusquer ou à respecter son repos » souligne Sabrina Marchesseau. Si Toufu manifeste l’envie de se soustraire au brossage ou aux caresses, l’enfant devra inhiber son propre désir. Car ce lapin en chair et en os n’est pas un doudou, mais un individu sensible capable de ressentir des émotions positives et négatives.
L’animal, un être sensible à respecter
« L’individu sensible possède une histoire, un comportement, un caractère propre, des besoins, des préférences singulières », explicite Marie-Laure Laprade enseignante et présidente de l’association Éducation éthique animale qui promeut pour sa part l’enseignement de l’éthique animale en milieu scolaire. « Au sein du vivant, il existe non seulement une diversité écologique (les écosystèmes), spécifique (les espèces) et génétique, mais aussi une diversité individuelle comportementale. Et ça, les élèves le perçoivent très bien ! »
« La connaissance de l’individu face à soi, avec des besoins liés à son espèce et une singularité, est le socle d’une empathie cognitive, basée sur des faits et non des croyances » insiste Marie-Laure Laprade. De cette empathie, nourrie par des connaissances scientifiques, découle en partie le respect. « C’est parce que l’on comprend l’autre, qu’on peut le respecter en tentant de se mettre « à sa place » », en réfrénant l’envie de prendre l’animal dans ses bras si lui n’en n’a pas envie, par exemple…
De l’empathie à la responsabilisation
Cette connaissance réelle des besoins de l’animal et la prise en compte de son bien-être renforcent aussi le sens des responsabilités des élèves. Car l’attention et les soins donnés à un animal de compagnie doivent être constants.
Dans le cas de Toufu, « Les enfants peuvent, en accord avec leurs parents, l’accueillir chez eux à tour de rôle pendant les vacances scolaires », souligne Sabrina Marchesseau. Car il ne s’agit pas de le laisser de côté comme un jouet dont on se désintéresse. Sensibilité, empathie, respect, responsabilité, autant de valeurs profitables non seulement aux animaux mais à la société tout entière.
Alexandrine Civard-Racinais
(1) Attention, l’exemple du lapin Toufu n’est pas transposable à toutes les écoles. Accueillir un animal en classe nécessite une réflexion liminaire sur la compatibilité entre les besoins de l’animal et les conditions de vie offertes.