Les filles réussissent mieux à l’école que les garçons, sauf en mathématiques. Les garçons sont moins souvent bacheliers. Comment expliquer ces différences de résultats scolaires entre les deux sexes ? Le point
Les filles réussissent globalement mieux que les garçons à l’école. C’est ce que montrent les huit éditions des enquêtes du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA, Program for International Student Assessment) depuis sa création en 2000. Cette étude internationale compare les performances des élèves âgés de 15 ans de 81 pays et territoires différents, dont 37 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Et cela dans trois domaines : en lecture, mathématiques et sciences.
D’après le dernier classement PISA 2022, publié en 2023, les filles surpassent en moyenne les garçons de 24 points. Cela équivaut à environ une année scolaire de décalage. En France, l’écart est de 20 points.
En revanche, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, les garçons obtiennent 9 points de plus en mathématiques.
Les filles sortent plus diplômées que les garçons de leur scolarité
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le ministère de l’Éducation nationale a quant à lui publié le 8 mars 2023 son habituel rapport intitulé « Filles et garçons, sur le chemin de l’égalité, de l’école à l’enseignement supérieur ». Il révèle qu’à l’échelle de toute la scolarité, les filles sortent plus diplômées du système scolaire et universitaire. Ainsi, à la fin du collège, 91 % des filles obtiennent le Diplôme national du brevet contre 85 % des garçons. Au baccalauréat, dans une génération, 84 % des filles sont bachelières contre 75 % des garçons.
En outre, elles obtiennent davantage de mentions, quelle que soit la série. Par ailleurs, seuls 21 % des hommes, contre 31 % des femmes, ont un master (bac + 5) ou plus (doctorat, diplôme d’écoles d’ingénieurs ou de commerce).
Moins bonnes en maths
En revanche, les performances des filles baissent en mathématiques par rapport aux garçons, et ce, dès le CE1 : selon les évaluations nationales de septembre 2022, 73 % des filles savent « lire des nombres entiers », contre 81 % des garçons, et 53 % des filles ont une « maîtrise satisfaisante » de l’addition, contre 67 % des garçons. Ce décalage dans les performances en mathématiques, et a fortiori en sciences, se retrouve aux évaluations de début de 6ème : le score des filles est supérieur de 13 points à celui des garçons en français, mais inférieur de 10 points en mathématiques.
Un niveau qui baisse drastiquement pour tous
Sans surprise, les filles choisissent ensuite moins volontiers les filières scientifiques au lycée général. Le rapport indique aussi qu’elles ont moins confiance dans leurs capacités de réussite. Et qu’elles sont les premières victimes d’insultes sexistes : 10 % au collège, contre 2 % des garçons, et 18 % au lycée, contre 2 %.
L’édition 2022 du classement PISA fait également état d’une baisse significative et inédite depuis 2000 des résultats de tous les élèves quel que soit leur sexe en mathématiques et en compréhension de l’écrit, un peu moins en sciences.
Moins bien insérées à l’âge adulte
Enfin, autre enseignement du rapport du ministère de l’Éducation nationale, et pas des moindres : les femmes sont moins nombreuses à décrocher un emploi stable après avoir obtenu leurs diplômes. Le taux d’emploi après un master est de 72 % chez les femmes contre 80 % chez les hommes. Elles sont aussi moins bien rémunérées ensuite.
Comment analyser toutes ces différences entre les deux sexes ? Plusieurs facteurs sociaux et culturels peuvent y contribuer. Par exemple, les stéréotypes de genre* peuvent influencer les attentes des enseignants et des parents à l’égard des garçons et des filles, ce qui pourrait avoir un impact sur la manière dont ils sont encouragés et soutenus à l’école.
Des stratégies d’apprentissages différentes ?
Certains chercheurs suggèrent que les différences observées dans les performances académiques pourraient être liées à des différences dans les styles d’apprentissage entre les sexes. Des études indiquent que les filles peuvent être plus enclines à adopter des stratégies d’apprentissage axées sur la collaboration et la communication, tandis que les garçons privilégieraient des approches plus compétitives ou kinesthésiques. D’autres travaux suggèrent que les filles sont plus susceptibles d’être attentives en classe, de participer activement et de terminer leurs devoirs à temps.
Une chose est sûre : encourager et soutenir tous les élèves, quel que soit leur sexe, leur permet de développer leur plein potentiel académique.
*croyances concernant l’ensemble des caractéristiques (traits, émotions, comportements) que les femmes et les hommes sont censés posséder du seul fait de leur sexe.
Florence Heimburger
Avec le soutien du ministère de la culture