Les produits alimentaires trop sucrés, trop salés, trop riches en graisses saturées ou insuffisamment riches en fibres seront pénalisés par l’étiquetage nutritionnel. Que penser de ce nouveau Nutri-score ? Le point avec Sophie Janvier, diététicienne-nutritionniste
Lancé en France en 2017, le Nutri-score évolue. En effet, un comité scientifique a mis à jour l’algorithme de ce logo basé sur une échelle de 5 couleurs et de 5 lettres destiné à informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des produits industriels. Désormais, les produits qui contiennent trop de nutriments défavorables (sucre, sel, graisses saturées, etc.) et pas assez de nutriments bénéfiques (fibres, protéines, fruits, légumes, légumes secs, etc.) verront leur note diminuer.
Le changement le plus important sera visible au rayon céréales du petit-déjeuner. Ainsi, par exemple, les Chocapic qui, par la magie de l’agroalimentaire, n’affichent que peu de sucres et un bel apport en fibres (des fibres ajoutées), sont rétrogradées de la note A à C. Petite révolution aussi du côté des produits laitiers : le lait demi-écrémé jusqu’à présent classé A est rétrogradé à B et le lait entier à C.
Huiles et poissons gras mieux notés, viande rouge et sodas lights rétrogradés
Les huiles riches en oméga-9 et en oméga-3 (huiles d’olive, de colza et de noix) jusqu’ici classées C passeront B. La note de certains poissons gras va aussi s’améliorer, tout comme celle de la volaille. De même, les produits à base de farine complète, riches en fibres, afficheront désormais de meilleurs scores que leurs équivalents raffinés. En revanche, la viande rouge, dont la consommation est à limiter sera davantage pénalisée. Quant aux sodas lights contenant des édulcorants, ils ne seront plus notés B, mais de C à E.
Entre 30 et 40 % des produits vont donc voir leur score changer, selon Santé Publique France.
« Il faut encourager l’achat de produits plus vertueux »
Ces modifications de l’algorithme sont-elles vraiment une révolution pour le consommateur ?
« Elles étaient nécessaires pour désavantager encore plus les produits sucrés et sanctionner les boissons qui contiennent des édulcorants, dont la consommation accrue de certains augmente le risque de cancer« , souligne Sophie Janvier*, diététicienne-nutritionniste. « Elles se justifiaient aussi pour valoriser davantage les poissons gras, et les huiles végétales de bonne qualité : on sait que les acides gras oméga-3 ont des vertus anti-inflammatoires et que l’huile d’olive est bonne pour la santé cardiovasculaire. »
La diététicienne ajoute : « Il fallait encourager l’achat de produits qui ont plus de fibres, carburant de notre microbiote intestinal et aux effets prébiotiques, comme ceux à base de farine complète. Et aussi valoriser la volaille par rapport à la viande rouge, dont la consommation accrue augmente le risque de cancer colorectal, et dont les acides gras saturés élèvent le risque de maladies cardiovasculaires. Bref, tout cela va dans le bon sens. Le Nutri-score reste un outil intéressant : il permet de faire son choix dans une même catégorie de produits. Il n’est pas encore parfait mais il est compliqué d’avoir un algorithme parfait ».
Les industriels ont encore deux ans pour écouler leurs stocks
Sophie Janvier regrette toutefois « que cette nouvelle version ne prenne pas en compte les additifs et les ingrédients ultra-transformés, très fréquents dans les produits industriels ».
Ces changements, qui s’appliquent par arrêté dans les sept pays ayant officiellement adopté le Nutri-score (France, Allemagne, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse), doivent être effectifs depuis janvier sur les sites d’achat en ligne. En revanche, les industriels ont encore deux ans pour écouler leurs stocks avec les anciennes étiquettes.
Florence Heimburger
*Sophie Janvier est diététicienne-nutritionniste et autrice de La Méthode douce pour mieux manger, éd. Leduc.