Une étude de l’INRAE publiée dans Nature Communication montre que la rotation des cultures permet de diminuer l’utilisation des pesticides. Une autre étude réalisée par des chercheurs chinois montre que cette rotation peut augmenter le rendement jusqu’à 38%
Au moment où les jardiniers préparent leur potager pour les premiers semis à venir, voici une actu bien utile. Une étude scientifique publiée dans la revue Nature communications dévoile que le fait de faire tourner les cultures, autrement nommé la rotation culturale, permet de baisser l’utilisation des pesticides de 20%.
Cette recherche a été menée par des scientifiques français de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Elle s’est basée sur l’analyse des pratiques dans 3000 exploitations relevant du dispositif du réseau DEPHY (pour défi phytosanitaire) comme l’explique Sciences et avenir qui a repéré cette publication. L’étude repose sur pas moins de 14 556 observations en une dizaine d’années dans 1334 systèmes de culture sous différents climats français. Autant dire qu’elle est complète.
Diminution des ravageurs et des maladies
Pour les chercheurs, cette baisse est permise car « la diversification temporelle des cultures peut limiter la pression exercée par les ravageurs, les mauvaises herbes et les maladies par plusieurs mécanismes. L’alternance d’espèces cultivées appartenant à différentes familles botaniques et de périodes de semis peut perturber les cycles biologiques des ravageurs, des mauvaises herbes et des maladies, telles que les maladies transmises par le sol et les insectes ou mauvaises herbes vivant dans le sol ». Sans compter le bénéfice sur la diversité des micro-organismes dans le sol qui peuvent être un atout contre les ravageurs.
Si leur étude est très prometteuse, les chercheurs préviennent dans la conclusion : « La diversification des cultures ne sera mise en œuvre par les agriculteurs et encouragée par les instances politiques que si elle permet de combiner la réduction des pesticides avec plusieurs autres objectifs, tels que l’atteinte d’une rentabilité financière raisonnable et la souveraineté alimentaire, respectivement. »
Curieux avait abordé ce point essentiel pour l’agriculture dans l’article « Pesticides : « les abeilles sont plus efficaces que la chimie » ! » Vincent Bretagnolle, écologue, directeur de recherche CNRS au Centre d’études biologiques de Chizé relatait alors : « nous avons expérimentalement prouvé qu’il était possible de réduire les herbicides de 30 voire 50% sans modifier les rendements en blé. Ces expérimentations ont été répliquées sur 5 ans et sur d’autres cultures, avec les mêmes résultats à la clé (…) Ces expérimentations démontrent qu’il est possible de réduire l’utilisation des pesticides ! »
« Réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre et améliorer la santé des sols »
Et, en ce début d’année 2024, une étude scientifique chinoise a été publiée, toujours dans Nature Communications, avec un titre sans équivoque : « La diversification de la rotation des cultures permet d’augmenter la production alimentaire, de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre et d’améliorer la santé des sols ». Que demander de plus ?
Alors, on voit d’ici les premiers commentaires qui vont s’exclamer : « ce n’est pas nouveau, les anciens le savaient ! » Certainement, mais pour les plus réticents au changement, ce sont des études scientifiques qui le démontrent avec des faits incontestables. Alors il n’y a plus qu’à faire tourner cette actu…
Alexandre Marsat