Quand le nez picote et que pointe l’envie d’éternuer, certains la répriment, par politesse, pour étouffer le bruit. Pourtant ce geste est potentiellement risqué pour la santé. Plusieurs études l’attestent. Explications

Rhume, allergies, Covid-19, grippe, éblouissement… Les occasions d’éternuer ne manquent pas, quelle que soit la saison ! Que l’on se rassure, éternuer est un réflexe normal, involontaire, et même souhaitable du corps humain. Ce phénomène correspond à une expulsion à grande vitesse de l’air des poumons par le nez et la bouche, généralement en réponse à une irritation de la muqueuse nasale. C’est un réflexe de défense du corps qui permet de nettoyer les voies respiratoires en éliminant, via le mucus, les indésirables comme la poussière ou les microbes, qui pourraient potentiellement provoquer une infection.

Pourtant, pour des raisons de bienséance ou pour ne pas effrayer leur entourage en laissant fuser un « atchoum ! » sonore et gênant en cette période d’épidémies, nombreux sont ceux qui répriment leur éternuement en se pinçant le nez.

Quels sont les risques ?

Si vous faites partie de ceux-là, sachez qu’une telle pratique n’est pas recommandée. Elle peut même, dans de rares cas, entraîner « des complications sévères » au niveau ORL, thoracique (pneumothorax), oculaire et même cérébral, indique le médecin et journaliste Marc Gozlan dans son blog « Réalités biomédicales » sur le site web du journal Le Monde.   

En effet, des chirurgiens otorhinolaryngologistes (ORL) britanniques ont par exemple rapporté, dans une étude publiée en 2018, un cas de perforation spontanée du pharynx survenue après un effort pour réprimer un éternuement violent.

Plus récemment, des travaux publiés dans la revue BMJ case reports exposait les déboires sanitaires d’un patient britannique : alors qu’il était au volant de sa voiture, ceinture de sécurité attachée, il s’est retenu d’éternuer en maintenant nez et bouche fermés. Cela lui a valu une perforation de la trachée.

Œdème de l’œil, maux de têtes violents, lésions aux tympans…

« Retenir son éternuement peut aussi avoir des conséquences sur l’orbite d’un patient et provoquer des œdèmes de l’œil, (…) des maux de têtes violents, saignements de nez et même des syndromes méningés », indique le docteur Jean-Michel Klein, vice-président du Syndicat national des médecins spécialisés en oto-rhino-laryngologie (Snorl) dans un article de Ouest France.

Une autre partie du corps peut subir les conséquences d’un éternuement refoulé : les tympans. Via les trompes d’Eustache, l’augmentation subite de la pression de l’air peut entraîner une lésion douloureuse de l’oreille moyenne ou interne, avec des dommages potentiels pour les tympans et l’audition.

Éternuement refoulé : une pression 5 à 24 fois supérieure

Une simulation d’éternuement d’une femme via un modèle informatique a montré que lors d’un éternuement normal, la pression dans la trachée atteint environ 7000 Pa, ce qui est bien supérieur au niveau de pression d’environ 200 Pa lors d’une expiration de forte activité. De plus, les résultats ont montré que la suppression des éternuements en se pinçant le nez ou en fermant la bouche entraîne une augmentation notable de la différence de pression dans le tractus : elle est environ 5 à 24 fois supérieure à celle d’un éternuement normal. L’étude conclut que « cette augmentation significative de la pression peut justifier certains dommages (…) dus à la suppression d’un éternuement ».
Les hommes seraient davantage exposés à ces blessures, selon d’autres travaux.

Que faire quand on sent une envie irrépressible d’éternuer ? Les chercheurs de cette dernière étude sont formels : « Lorsqu’il se déclenche, un éternuement doit pouvoir se dérouler sans intervention pour éviter les blessures associées ». Pour préserver son entourage des microbes – car on éternue jusqu’à 6 mètres ! -, les médecins conseillent d’expirer dans sa manche ou un mouchoir à usage unique (et de bien se laver les mains ensuite). Et si malgré ces précautions, quelqu’un vous reproche la nuisance sonore ou vous exprime son dégoût, vous saurez quoi répondre : qu’il en va de votre santé !

Florence Heimburger

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