En installant des panneaux pivotant gérés par une IA, le système développé par SESA permet en principe de concilier production électrique et agricole

A partir d’un traqueur solaire qui oriente des panneaux photovoltaïques, Sesa Analytics a conçu des centrales solaires qui peuvent cohabiter, voire coopérer, avec des cultures agricoles. Le soleil brille pour tout le monde ?

C’est une invention qui aurait pu rester dans son coin si on ne lui avait pas trouvé un champ d’application. Pourtant, l’idée était lumineuse : les panneaux photovoltaïques qui pivotent pour suivre le soleil permettent de gagner 30 à 35% de production énergétique. Mais en fonction des saisons, la course du soleil dans le ciel varie un peu. Ou alors, le soleil n’est pas facile à suivre et finalement, il vaut mieux les nourrir avec la luminosité indirecte. D’où la nécessité d’affiner le principe.

Des traqueurs pour suivre la lumière

Jean-Baptiste Beyssac travaillait au labo Promes de Perpignan, en lien avec le four solaire d’Odeillo, une des plus anciennes structures de recherche solaire en Europe et l’un des deux plus grands au monde. Et son idée était simple : observer le ciel pour calculer à chaque minute le meilleur angle possible. A l’aide d’une caméra toute simple qui permet de mesurer le nombre de pixel par angle et donc de définir exactement l’orientation optimale des panneaux. Y compris et surtout lorsque le soleil est caché et qu’il vaut mieux compter sur le rayonnement diffus. Couplé à une intelligence artificielle qui enregistre les données dans le temps, ce système permet en outre d’anticiper la luminosité à venir. En tout, c’est entre 5 et 7% de productivité gagnée grâce à ces traqueurs.

Mais les grandes centrales photovoltaïques sont frileuses et le projet aurait pu en rester là. Avec l’aide de la société d’accélération du transfert de technologies SATT AxLR qui avait déjà participé à la maturation du système, Sesa Analytics et son fondateur ont déniché un nouveau marché qui utilise à plein les potentialités de l’appareil : l’agrivoltaïsme. C’est à dire des champs de panneaux sur des champs agricoles : « Ça permet de résoudre le problème d’acceptation des centrales qui souffrent du prix du foncier. Et de l’accusation qu’elles détournent des surfaces agricoles. » Là, c’est plus simple puisque les deux sont liés.

Moins d’acier, moins de béton, plus d’acceptation

Des poteaux en bois, en hauteur et tenus par des câbles : le système promu par Sesa veut alléger l’agrivoltaïsme et permettre de supprimer la centrale plus facilement

Reste à convaincre les agriculteurs. En rendant l’agrivoltaïsme moins impactant. Parce que jusqu’à présent « l’agrivoltaïsme, c’est du béton avec de grosses masses d’acier chinois… Il y a un problème d’impact visuel et aussi de réversibilité». Sesa propose alors une structure autoportante, montée sur des câbles à 5 mètres de hauteur pour laisser passer toutes les machines agricoles. Le tout maintenu par des poteaux en bois : « Le poids et la quantité de matériel sont quasiment divisés par 10 ». Et le système de traqueur solaire trouve sa pleine utilité puisque son IA permet alors de ménager la chèvre et le chou, la rentabilité énergétique et la protection des cultures.

Là encore, la SATT s’est embarquée dans l’histoire et désormais, le logiciel qui gouverne le traqueur solaire prend en compte le type de culture et le degré de maturité de la plante qui suppose un ensoleillement différent à chaque fois. Et en cas de pluie, les panneaux pivotent à la verticale pour permettre l’arrosage des cultures.

Conçu dans un pays de soleil, le système y est actuellement testé en espérant une première commercialisation dès 2024. Avec un bémol : « Actuellement, l’agrivoltaïsme n’est pas vraiment rentable au nord du Massif Central. » Mais il permet, au sud, de protéger les cultures en cas de canicule. Et à terme, d’ouvrir une unité de production de traqueurs dans la région de Perpignan. Symboliquement Sesa permet ainsi de ne plus choisir entre se nourrir et produire de l’énergie.

Jean Luc Eluard

Avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

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