Peut-être en tant que parents connaissez-vous ce scénario : votre enfant se comporte bien à l’école, il est poli avec ses professeurs, mais, une fois rentré à la maison, il fait une crise l’après-midi.
Chez son ami, il dit « s’il vous plaît » et « merci » chez un ami, mais en famille, il se montre grossier. Il respecte les règles lorsqu’il rend visite à un voisin mais, à la maison, il faut constamment lui rappeler de ne pas claquer les portes et de ne pas se servir librement dans la cuisine.
Comment expliquer ce décalage d’attitudes ? Que faire pour y remédier ?
Les enfants prennent très tôt conscience des effets de leur comportement
Il arrive à tous les enfants, même aux mieux élevés, de se comporter mal de temps en temps.
Lorsque les jeunes enfants sont fatigués, par exemple après une séance de jeu ou une longue journée à la crèche ou à l’école, ils peuvent devenir irritables et turbulents. Les enfants sont aussi naturellement curieux et peuvent parfois mal se comporter juste pour tester les effets de leur comportement.
Cependant, certains enfants semblent se comporter systématiquement plus mal quand ils sont chez eux. Pour comprendre ce phénomène, il est nécessaire de s’arrêter sur ce qui les motive à réagir de cette façon.
Dès tout-petits, les enfants s’aperçoivent que chacun de leurs comportements peut avoir des effets sur leur environnement. Par exemple, les bébés réalisent vite que les pleurs sont un moyen très efficace de signaler leur détresse. Les parents apprennent rapidement à changer une couche mouillée ou à nourrir leur enfant lorsqu’il pleure. Lorsqu’un bébé sourit, l’adulte lui rend en général son sourire et le cajole.
Les enfants comprennent donc sans tarder que leur comportement peut être un moyen efficace de contrôler les actions des autres.
Les récompenses des mauvais comportements
Le comportement des enfants, qu’il soit souhaitable ou indésirable, est influencé par les conséquences qu’il entraîne.
Parfois, les réactions des parents ou des frères et sœurs peuvent accidentellement récompenser un mauvais comportement, et les enfants en déduisent que cette façon d’agir est payante.
Ainsi, les enfants peuvent prendre conscience que, lorsqu’ils ne font pas ce qu’on leur demande, ils reçoivent une attention particulière de la part de leurs parents. Celle-ci peut prendre la forme d’une discussion, d’une dispute ou d’une répétition répétée des instructions. Les adultes ne considèrent peut-être pas cela comme une « récompense », mais les enfants voient de leur côté que leur père ou leur mère leur consacre du temps.
Les enfants peuvent également réaliser qu’ils ont plus de chances d’obtenir un appareil électronique quand ils se plaignent et pleurnichent. Dans ce scénario, l’enfant arrive à ses fins et le parent est soulagé de lui avoir cédé l’iPad parce qu’il met fin à un bruit très irritant (du moins à court terme). Comme l’enfant et le parent tirent tous deux un avantage de la situation, cette interaction est susceptible de se reproduire.
Pourquoi les enfants sont-ils plus sages à l’école ?
Lorsque les enfants se trouvent en présence de personnes qui leur sont moins familières, ils ne savent pas comment celles-ci vont réagir ni quel comportement serait récompensé. Dans ces circonstances, il est courant que les comportements indésirables soient moins fréquents, du moins temporairement.
Les enfants peuvent également mieux se comporter à l’école qu’à la maison du fait de la bonne organisation mise en place par les enseignants. Les enfants y sont occupés par une variété d’activités intéressantes, les attentes en matière de comportement sont bien formalisées et les bonnes attitudes sont clairement récompensées par de l’attention, des félicitations, de petites gratifications matérielles comme des jetons.
Les enfants ont également tendance à imiter le comportement de leurs pairs, en particulier s’ils voient que cela donne des résultats, comme le fait d’obtenir l’attention de l’enseignant ou d’accéder à des activités prisées.
Comment les parents peuvent-ils inciter leurs enfants à mieux se comporter à la maison ?
La bonne nouvelle, c’est que si les enfants se comportent bien dans un contexte, nous savons qu’ils sont capables de faire de même à la maison.
Les parents peuvent évaluer dans quelle mesure les enfants ont besoin de se détendre à la maison tout en attendant d’eux qu’ils soient polis et respectent les règles. Avec quelques ajustements, il est généralement possible d’observer une nette amélioration du comportement.
Voici quelques mesures pratiques que peuvent prendre les parents :
- Instaurez des routines : Il peut s’agir de permettre à votre enfant de se détendre et de se relaxer, de lui donner une collation saine, puis de lui proposer une activité attrayante lorsqu’il rentre de l’école ou d’une sortie. La routine facilite le passage d’un environnement à l’autre pour tout le monde. C’est encore mieux si la routine inclut des activités – comme le coloriage ou une course à l’extérieur – qui sont apaisantes ou qui permettent de brûler de l’énergie.
- Établissez des règles de vie simples : Il s’agit d’indiquer clairement à votre enfant comment vous attendez de lui qu’il se comporte, comme « ranger ses jouets ».
- Prenez acte des efforts de bonne conduite : Faites savoir à votre enfant qu’il a fait ce qu’il fallait, en décrivant ce qui vous satisfait (« vous partagez si gentiment le jouet tous les deux »). Il y a ainsi plus de chances que le comportement se reproduise.
- Passez régulièrement de petits moments avec votre enfant : Cela montre que vous êtes là pour lui et qu’il n’a pas besoin d’être plus bruyant ou de faire des bêtises pour attirer votre attention. Le fait de passer souvent de petits moments avec votre enfant – ne serait-ce qu’une ou deux minutes – au cours de la journée est un moyen efficace de renforcer votre relation et de prévenir les problèmes de comportement.
- Avoir des attentes réalistes : Le changement est plus facile si vous vous concentrez sur un ou deux objectifs à la fois. En outre, lorsque vous vous efforcez d’améliorer le comportement de votre enfant, attendez-vous à des revers occasionnels. Aucun enfant (ou parent) n’est parfait !
Trevor Mazzucchelli, Associate professor, Curtin University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.