Que ce soit pour élaborer de nouveaux vaccins, ou pour imaginer les véhicules du futur, les laboratoires de recherche détiennent un grand nombre de connaissances qui peuvent s’avérer particulièrement utiles pour les entreprises. Mais le dialogue entre le monde académique et celui de l’industrie n’est pas toujours évident. C’est pour cette raison que des structures dédiées à ces échanges ont été créées en France 

En 2020, alors que le monde est touché par la pandémie de Covid-19, les entreprises Moderna et Pfizer BioNTech mettent sur pied un vaccin à ARN messager pour lutter contre ce virus. Le tout en un temps record. Le monde entier découvre alors cette technologie, présentée comme révolutionnaire. Mais les recherches concernant l’utilisation de l’ARN messager dans le domaine de la santé ont pourtant démarré il y a plus de 30 ans, avec notamment les travaux menés par la biologiste Katalin Kariko dès 1985. C’est donc grâce à un transfert de connaissances issues de la recherche fondamentale vers l’industrie que ce vaccin a vu le jour.             

Favoriser la recherche partenariale

En France, le dialogue entre le monde de la recherche publique et celui de l’entreprise est notamment facilité par les instituts Carnot, un label d’excellence crée en 2006 et destiné à favoriser la recherche partenariale. « Notre rôle est de mettre en relations les entreprises et les chercheurs. L’entreprise fait appel à un laboratoire pour travailler en profondeur sur un sujet de recherche et développement qui la concerne, et dont elle a besoin pour se développer. Cela peut aller de la mise en place d’une thèse, jusqu’à l’élaboration d’un contrat pluriannuel stratégique où l’entreprise décide de travailler sur le long terme avec le laboratoire sur un certain nombre de thématiques », détaille Jean Denis Muller, directeur général de l’association des Instituts Carnot.

Il subsiste néanmoins parfois une certaine réticence quant au fait de faire collaborer ces deux mondes, observe Jean Denis Muller : « en France, nous accusons un retard d’une dizaine d’années par rapport aux pays les plus avancés concernant le dialogue entre entreprises et laboratoires de recherche. Par conséquent, nous sommes parfois amenés à travailler davantage avec l’international qu’avec des entreprises françaises. C’est le cas notamment dans le milieu de la recherche contre le cancer où les compagnies américaines viennent chercher les compétences scientifiques qui sont de niveau mondial en France ».

Un échange gagnant-gagnant

Si les entreprises ont clairement intérêt à collaborer avec des instituts de recherche qui détiennent des solutions technologiques et des connaissances qui peuvent leur être très utiles, le bénéfice sera réciproque, assure Jean Denis Muller : « les entreprises apportent de nouveaux sujets de recherche très concrets aux scientifiques. Il est toujours intéressant de bénéficier de suggestions de la part du monde économique, afin que cette volonté de faire progresser les connaissances puisse se traduire par quelque chose de concret ».

Et les exemples sont nombreux. Les chercheurs des instituts Carnot CEA Leti (Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information) se sont par exemple associés au groupe automobile Renault pour développer un chargeur embarqué à haut rendement qui permettra de recharger plus rapidement la batterie des futurs véhicules électriques. Les chercheurs de l’institut Charles Sadron, de l’institut de science des matériaux de Mulhouse et de l’institut Carnot MICA ont quant à eux créé un nouveau système de dépollution des effluents industriels plus efficace. Et l’entreprise française Neovacs s’est associée avec les scientifiques de l’institut Carnot Pasteur microbes et santé pour développer un nouveau vaccin destiné à lutter contre l’asthme allergique, qui touche environ 4 millions de personnes en France. Les derniers résultats obtenus par cette recherche collaborative ouvrent désormais la voie à l’organisation d’essais cliniques.

Alors qui sait, le prochain vaccin révolutionnaire sortira peut-être d’un laboratoire de recherche français.

Thomas Allard

Avec le soutien du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

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