Chaque été, la question inquiète bon nombre d’estivants : bronze-t-on malgré l’application d’une crème solaire ? Explications avec le docteur Nina Roos, dermatologue
Arborer un teint hâlé, c’est tendance. Mais il ne faudrait pas y laisser sa peau ! Les ultraviolets (UV) constituent toujours l’un des principaux facteurs de risque de cancer pour les peaux claires. On dénombre plus de 15 000 nouveaux cas de mélanomes par an en France qui provoquent près de 2000 décès. Mieux vaut donc se prémunir des méfaits du soleil.
Comment ? En évitant de s’exposer aux heures « chaudes » entre 12 et 16 heures, en restant à l’ombre, en portant des vêtements protecteurs ou en se tartinant de crème solaire. Or cette dernière n’empêcherait-elle pas de prendre des couleurs ?
Aucune crème solaire ne bloque tous les UV
Le docteur Nina Roos, dermatologue précise : « Les rayons du soleil comportent des UVB, responsables à court terme de brûlures cutanées, les coups de soleil, et des UVA, qui font bronzer. Ces deux types d’UV abîment la peau à long terme en accélérant son vieillissement et en augmentant le risque de cancers cutanés. Toutefois, les UVA sont moins cancérigènes que les UVB. Et les crèmes solaires ne filtrent pas toutes les UVA. »
L’indice SPF* (Sun protection factor), compris entre 10 et 50+, qui figure sur les flacons de protection solaire, représente le niveau de protection du produit contre les UVB : plus il est élevé plus il protège. Il est conseillé d’utiliser au minimum un SPF30.
Plus rarement mentionné ou peu lisible, le Persistent pigment darkening (PPD) indique la protection vis-à-vis des UVA. Comme pour le SPF, plus le PPD est fort, plus il empêche la pénétration des UVA dans l’épiderme et le derme.
La protection varie aussi en fonction de la quantité de crème et la fréquence d’application…
Certaines personnes ne peuvent pas bronzer
Le docteur Roos rappelle : « Mais quel que soit le niveau de protection, aucun produit ne bloque totalement les UVA et UVB. D’ailleurs, depuis 2006, il est interdit d’utiliser la mention « écran total ». En d’autres termes, même avec un indice 30 ou 50, vous pouvez prendre de belles couleurs. Toutefois, certaines personnes n’en sont pas capables : les peaux claires ne deviendront jamais mates, et les personnes rousses, qui n’ont pas les pigments pour bronzer, risquent des coups de soleil. Les peaux réactives ou atopiques, allergiques au soleil (lucite), sujettes au mélasma et autres hyperpigmentations, ont, elles, tout intérêt à opter pour une crème à filtres minéraux (dioxyde de titane, oxyde de zinc) d’indice élevé, qui bloquent les UVA et UVB. »
Soleil : pas d’excès, ni… d’abstinence
Le docteur Roos complète : « Le meilleur moment pour bronzer sans risque se situe après 17 heures : il n’y a plus d’UVB mais il reste des UVA. Par ailleurs, certains produits accélèrent le bronzage : les compléments alimentaires à base de bêta-carotène, précurseur de la vitamine A, qui stimulent la production de mélanine, pigment de la peau, tout en minimisant l’agression des rayons du soleil. Certaines crèmes solaires sont « activatrices de bronzage ». Il ne faut pas abuser du soleil, notamment en multipliant les expositions à risque toute l’année, mais il ne faut pas s’en priver non plus : il permet la synthèse de vitamine D, aux multiples vertus, régule notre cycle du sommeil (via la mélatonine), stimule la production d’endorphines, hormones « du bonheur ».
Florence Heimburger
*Un indice de protection 50 signifie qu’on met 50 fois plus de temps à prendre un coup de soleil que sans crème solaire (ce temps varie selon le type de peau).