Astrologues et astronomes partagent le même ciel. Si l’astronomie se base sur des calculs exacts, l’astrologie utilise ses calculs et y ajoute l’interprétation par l’horoscope. L’un est une science, l’autre est une pseudo-science. On chausse des lunettes pour y voir plus clair
Faut-il vraiment s’inquiéter quand Mercure rétrograde ? Oui selon les 49% des Français entre 11 et 24 ans qui estiment que « l’astrologie est une science », selon un sondage Ifop. Mais qu’en dit la science elle-même ?
L’astronomie et l’astrologie ont longtemps partagé un passé commun. Plusieurs millénaires avant notre ère, elles cherchaient ensemble à mieux comprendre notre ciel. L’astronomie avait pour but de comprendre la physique de l’Univers grâce à des calculs. Et l’astrologie utilisait ces résultats pour expliquer les conséquences des évènements cosmiques sur les évènements de l’humanité. Mais à partir du XVIIe siècle, qui marque la révolution scientifique, astrologie et astronomie se séparent définitivement. L’astronomie est une science, l’astrologie n’en est pas une.
Mais aujourd’hui, l’astrologie revendique de toujours s’appuyer sur les calculs des astronomes, à savoir les positions des différents corps célestes (Lune, planètes et même les astéroïdes). Et ce au moment de la naissance d’une personne pour définir ses traits de personnalité et pouvoir « lire » dans l’avenir. Cette supposée influence de l’astrologie sur nos comportements est rejetée par les astronomes.
L’astrologie est une pseudo-science
Grâce à ses calculs de trajectoire, l’astrologie prend les atours d’une démarche scientifique, ce qui sème le trouble. Pourquoi ? Car elle s’appuie sur l’astronomie, qui elle, est donc une vraie science. Depuis les années 1950, de nombreuses études ont été menées par des scientifiques pour tenter de déterminer la véracité de l’astrologie. Spoiler alert : le résultat est sans appel, aucun d’entre eux n’est parvenu à prouver que l’astrologie était une science à part entière.
Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Le psychologue et chercheur, spécialisé en astrologie, Michel Gauquelin est même à l’origine du célèbre « Effet Mars » en 1950. C’est le nom donné à une hypothèse selon laquelle il y a un lien entre la destinée des sportifs et la position de Mars au moment de leur naissance. Une théorie qui a conduit à de nombreuses contre-études par la suite.
Pascal Bordé, directeur du laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (LAB) et professeur d’astronomie et d’astrophysique à l’Université de Bordeaux, précise : « Il n’y a rien de convaincant qui a été montré. Il y a eu des études statistiques qui ont semblé pointer vers certaines choses, mais il n’y a pas de démonstration statistiquement robuste, reconnue largement, qui prouve que l’astrologie, utilisée comme prédiction, fonctionne. »
Et comme l’issue de ces recherches n’était pas positive pour eux, les astrologues ont simplement pris le parti de ne pas tenir compte des résultats.
L’astrologie est une croyance
Quand on parle d’astrologie, ce n’est pas pour étudier les astres au sens pur du terme. Pascal Bordé conçoit que l’astrologie a une influence sur nous mais pas du tout comme l’astrologie veut le faire croire. L’astronome explique : « Les astres ont une influence gravitationnelle qui s’exerce, bien sûr. Il y a le mouvement de la Terre autour du Soleil. Et on est tous influencés par le fait qu’il y a des saisons sur Terre, par le fait que le soleil nous éclaire et qu’on reçoit de l’énergie. Mais en général, quand on parle de l’astrologie, ce n’est pas à ça qu’on pense. L’astrologie s’intéresse plutôt à la vie personnelle sous ses différents aspects. »
En fait, l’astrologie permet plutôt de se rassurer, de s’assurer une projection d’un futur heureux. Pour Pascal Bordé, on peut même parler « d’outil d’exploration psychologique. » « Il y a des gens qui trouvent que leur thème astral est tout à fait pertinent. C’est sans doute juste pour eux. Mais ce n’est pas ça qui en fait effectivement une science. Mais ça en fait une croyance. »
Nolwenn Le Deuc
Avec le soutien du Ministère de la Culture