Au moment où pas moins de 47 départements français sont déjà confrontés à des situations de vigilance, d’alerte ou de crise et où l’Espagne vit déjà sa plus grande sécheresse dès le début du printemps, Curieux vous donne des pistes pour réduire votre consommation d’eau domestique

Il suffit de tourner le robinet pour avoir de l’eau en grande quantité pour les Européens que nous sommes. Aussi simple que d’appuyer sur le bouton pour avoir de l’électricité…
Avec une consommation annuelle par personne de 54 mètres cube d’eau en France (150 litres/jour), la facture est d’ailleurs assez légère au regard du service rendu puisque le mètre cube se situe aux alentours de 4 euros.

Mais tout cela commence à se corser. La sécheresse de l’été dernier a eu pour conséquence de priver d’eau plus d’une centaine de communes françaises. Sans compter, comme l’indique un rapport d’inspection interministériel publié mi-avril, qu’un « millier de communes ont dû mettre en place, durant l’été 2022, des mesures de gestion exceptionnelles pour approvisionner leurs habitants. »

Bref, il est temps d’anticiper des restrictions d’eau comme on a su le faire l’hiver dernier avec l’électricité. Et ce, sans culpabiliser chaque consommateur car la consommation d’eau potable représente ¼ du total de la consommation en eau (1).

1% de l’eau potable consommée sert à boire

L’eau potable de nos maisons n’est utilisée qu’à 1% pour boire ! Alors pas de crainte : réduire sa consommation, ce n’est pas se mettre en stress hydrique comme le vivent les plantes et les arbres en plein été…

Pour autant, 20 % de notre eau domestique (potable !) passe dans les toilettes. Une chasse d’eau, c’est en moyenne 9 litres d’eau à chaque pipi. Espacez les chasses d’eau, passez à la chasse d’eau double-débit, optez pour le pipi sous la douche. A l’occasion d’un changement de WC, étudiez aussi la possibilité de surmonter la cuve d’un lave-mains. C’est autant de grandes économies pour un petit endroit où nous consommons chacun 36 litres par jour (2).

Agir sur les lavages

Avec la facilité de l’accès à l’eau sont arrivées nos pratiques hygiénistes où l’on veut tout laver, tout le temps et à « grandes eaux ».
Pour réduire sa consommation, on peut agir sur les lessives, la vaisselle et notre propre lavage corporel.

Tout d’abord, choisissez les lave-linges et les lave-vaisselles les plus économes en eau (c’est indiqué sur l’étiquette énergie). Attendez que vos machines soient pleines : elles consomment le même volume d’eau ! Et privilégiez le mode éco, le prélavage devant être exceptionnel. Pour celles et ceux qui voudraient laver à la main pour éviter de trop consommer, sachez que c’est en réalité une mauvaise idée comme nous l’expliquions ici.

Ensuite, côté salle de bains, vous pouvez aussi modifier vos pratiques sans impacter votre hygiène. Installez des mousseurs d’eau sur les robinets et la pomme de douche. Si le bain est le summum du confort, c’est aussi le summum de l’eau gaspillée avec 150 litres, soit quatre fois plus qu’une douche. Bon évidemment, une douche, c’est fait pour se laver : mouillage, savonnage, rinçage. Si vous remontez la douche à la nage pendant 30 minutes, le bénéfice sera perdu…

Réduire les prélèvements d’eau de 25% en 15 ans

Ces changements dans notre consommation d’eau sont finalement sans conséquence pour notre confort et peuvent nous permettre de maintenir notre accès à l’eau. Mais pour aller encore plus loin, il faut aussi s’interroger sur notre consommation globale. Un kilo de bœuf nécessite 700 litres d’eau par exemple.

Or, en 2019, le bilan des Assisses de l’eau organisées par le Gouvernement annonçait : « La priorité doit être donnée aux économies d’eau, à la mise en place d’une gestion collective ainsi qu’à des règles de partage. nous nous fixons donc un objectif de réduction des prélèvements d’eau de 10% en 5 ans et de 25% en 15 ans. »

L’effort est donc l’affaire de tous, sinon l’accès à la ressource sera compromise.

Alexandre Marsat

(1) Fin mars 2023, le ministère de l’environnement indiquait : « L’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 57 % du total, devant l’eau potable (26 %), le refroidissement des centrales électriques (12 %), et les usages industriels (5 %). »
(2) Nous verrons aussi dans un prochain article comment passer aux toilettes sèches.

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