Ablation d’une tumeur de la peau sur le visage ou le corps, accident ou blessure qui a nécessité des points de suture, intervention chirurgicale… Les coupures laissent des traces sur notre épiderme, et l’on souhaite généralement que ces cicatrices guérissent rapidement et soient les moins visibles possibles.

La majorité des cicatrices se forment dans les six premiers mois suivant une blessure. Si l’on veut en minimiser les conséquences, il faut tout d’abord s’intéresser à la cicatrisation. Ce processus complexe comporte trois phases principales : inflammation, prolifération et remodelage. Elles sont orchestrées par des substances chimiques spécifiques, qui agissent sur les différentes couches de la peau.

Il est possible d’intervenir à chaque étape de la cicatrisation pour favoriser la guérison et minimiser les séquelles. Mais comment ?

La phase d’inflammation

Cette phase se produit immédiatement après une blessure. Elle permet d’éliminer les bactéries et d’améliorer l’afflux de sang au niveau de la blessure.

L’élimination des bactéries est également l’objectif premier du nettoyage et de la désinfection d’une plaie. En effet, si des microbes pénètrent à l’intérieur du corps, la qualité de la cicatrisation peut être altérée. C’est notamment pour éliminer les bactéries (et leurs spores) qu’une désinfection de la peau du patient est pratiquée en amont d’une intervention chirurgicale. Mais toutes les plaies ne sont pas « programmées ». Que faire si l’on se blesse accidentellement ?

[Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]

Dans ce cas, le nettoyage doit être effectué dans les deux heures qui suivent l’accident. Cette étape est essentielle à une bonne cicatrisation. Après une chute sur le sol, par exemple, il ne faut surtout pas laisser de saleté à l’intérieur de la plaie, même si cela implique de la frotter avec de l’eau et du savon. Une application de povidone iodée (un complexe chimique soluble dans l’eau, composé d’iode et de polyvinylpyrrolidone, vendu sous le nom commercial de Betadine®) aidera par ailleurs à réduire le risque d’activation des spores bactériennes.

En cas de blessure, notre corps fabrique naturellement une substance aux propriétés antiseptique, le péroxyde d’hydrogène (H₂O₂). Malheureusement, l’application externe de péroxyde d’hydrogène peut ralentir la cicatrisation des plaies. Seul l’emploi de solutions faiblement antiseptiques, contenant par exemple de l’argent, est à même d’avoir une influence positive sur la formation des cicatrices. N’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou à votre pharmacien à ce sujet.

La phase de prolifération

Durant cette phase, on assiste à une multiplication des cellules des vaisseaux sanguins, des cellules de l’épiderme et des fibroblastes (cellules productrices de collagène résidant dans les tissus conjonctifs, qui servent de « support » aux autres tissus). Ces derniers provoquent une contraction de la cicatrice qui peut « plisser » la peau.

Le collagène joue également un rôle dans l’apparence des cicatrices. Cette protéine, la plus abondante de l’organisme, contribue notamment à la solidité de la peau. Elle est produite et dégradée en permanence par notre corps. Cela peut avoir un effet sur l’apparence de la plaie, durant les six mois qui suivent la formation de la cicatrice (au minimum).

Une fois que la rougeur a disparu, les cicatrices ont tendance à être blanches et un peu brillantes.

La phase de remodelage

La formation de cicatrices hypertrophiques (qui dépassent le niveau de la peau, mais régressent lentement) ou de cicatrices chéloïdes (qui s’étendent au-delà du site de la blessure et ne régressent pas par la suite) est souvent déterminée génétiquement. Chez les personnes qui développent ces cicatrices pendant la phase de remodelage, le signal d’arrêt de la production de collagène au sein de la plaie est perturbé.

La survenue de ce type de cicatrices est aussi en partie lié à la sorte de blessure subie, et aux soins prodigués.

Hydrogel et pansement

En ce qui concerne les plaies propres et non infectées, l’application d’un hydrogel (un polymère qui retient l’humidité et ne se dissout pas) peut accélérer la cicatrisation. En effet, lorsque la plaie est maintenue humide, la prolifération des cellules cutanées de surface est favorisée. En revanche, sous une croûte dure, leur croissance est ralentie.

Les gels pour plaies qui contiennent des antiseptiques et des conservateurs sont à éviter, non seulement en cas d’allergie, mais aussi parce que les antiseptiques peuvent freiner la guérison. Mieux vaut par exemple utiliser un hydrogel adapté à une application sur l’œil.

Il faut également savoir qu’il existe une relation intime entre les vaisseaux sanguins et les fibroblastes qui produisent le collagène. En conséquence, les cicatrices dont l’apparence est rouge (donc très irriguées par des vaisseaux sanguins) et qui démangent sont susceptibles de grossir, et donc de laisser des marques plus importantes.

Dans une telle situation, le fait de garder la cicatrice couverte, pour améliorer l’hydratation, peut faire une grande différence. C’est pourqui il est conseillé de couvrir la cicatrice avec un pansement en silicone et un hydrogel durant le plus grand nombre d’heures possible.

Si vous êtes sujet aux cicatrices, consultez votre pharmacien, qui pourra vous conseiller des formulations d’hydrogel que vous pourrez utiliser quotidiennement, une fois par jour, en alternant les semaines avec application et les semaines sans application. Utilisez ce produit sous un pansement de silicone, pour aider à réduire la cicatrice. Votre médecin pourra également vous suggérer une crème de décoloration.

Enfin, un dermatologue équipé d’un laser vasculaire (un outil ciblant les vaisseaux sanguins anormaux au niveau de la peau afin de réduire les rougeurs) pourra aussi vous aider, surtout durant les premiers stades de la cicatrice.

Quelques conseils supplémentaires

Maintenir la cicatrice humide en utilisant des huiles est plus difficile qu’avec un pansement de silicone, mais cela permet de réduire l’excès de cicatrisation, parfois appelé « sur-cicatrice ».

Enfin, il est important d’éviter de surexposer la cicatrice à la lumière du soleil. Il arrive en effet que les cicatrices deviennent beaucoup plus sombres que le reste de la peau, or les rayons ultraviolets sont le principal facteur évitable concernant ce risque.

La cicatrisation des plaies est un processus complexe. Toutefois, n’hésitez pas à prendre conseil auprès de votre médecin, de votre pharmacien ou de votre dermatologue : ils sauront vous prodiguer les conseils les plus adaptés à la spécificité de votre blessure !

Michael Freeman, Associate Professor of Dermatology, Bond University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

The Conversation

Fermer la popup
?>