On voyagera, on jardinera, on s’engagera dans une asso ou on se la coulera douce… Oui, mais au fait, en France, que peut-on espérer en termes de durée de retraite ?
C’est forcément une moyenne, mais cela donne une idée. Pour vous, mesdames, la durée de retraite espérée est évaluée à 27,1 ans. Pour vous messieurs, à 23,5 ans. Ces périodes, établies à partir de chiffres 2020 et sur le système de retraite actuel français, seraient parmi les plus longues en Europe, selon le rapport du Conseil de l’Orientation des Retraites.
Ainsi, durant sa vie d’adulte, soit à partir de 18 ans, on passerait entre 33% à 37% de son temps en retraite. Différence bien connue, les femmes ayant une espérance de vie supérieure aux hommes d’environ 6 ans, elles connaissent en moyenne des retraites plus longues même si souvent elles prennent leur retraite plus tard pour avoir une pension complète.
De grandes disparités entre les classes sociales
Sous ces chiffres se cachent cependant des disparités liées cette fois aux catégories sociales. De fait, plus on est aisé, plus l’espérance de vie est élevée. Chez les hommes, en France, on trouve ainsi un écart de 13 ans entre les 5% les plus riches et les 5% les plus pauvres. Chez les femmes, la différence est de 8 ans (Insee). Ces écarts s’expliquent surtout par l’aisance financière. Le fait d’être diplômé ou non diplômé influe peu. Les plus aisés auraient ainsi davantage accès aux soins médicaux, seraient moins soumis à des accidents professionnels, fumeraient moins, vivraient dans de meilleures conditions… Autant de facteurs qui indirectement influent sur la durée de retraite.
Selon le philosophe et économiste Ulysse Lojkine, dans son étude « Une retraite pour les morts »(2022), « les individus les plus pauvres passent en moyenne 7 ans de moins en retraite que les individus les plus aisés, chez les hommes comme chez les femmes ». Selon cette étude, cependant, si les individus des catégories sociales les moins aisées sont davantage touchés que les plus aisés par des décès peu avant de prendre leur retraite, ce phénomène serait rare et ne toucherait que 5% des personnes âgées entre 43 et 58 ans.
Et si l’espérance de vie continue à augmenter…
Avec la réforme Macron, actuellement en cours de discussion, l’allongement du départ en retraite de 62 à 64 ans réduirait de fait la durée espérée de retraite pour tous. A moins que l’espérance de vie ne continue de progresser. Quelles sont dès lors les prévisions à ce sujet ?
Pour rappel, l’espérance de vie à la naissance a quasiment doublé depuis le début du XXe siècle, une progression énorme liée à de meilleures conditions de vie et au progrès de la médecine. Même si durant la pandémie, en 2020, cette espérance de vie en France a légèrement régressé, elle repart à la hausse en 2022. Ainsi, selon les données de l’Ined, « l’espérance de vie à la naissance de 83 ans en 2020 en France pourrait atteindre 91 ans en 2050 et 95 ans en 2100 ».
En se basant non sur l’espérance de vie à la naissance, mais sur la durée de vie moyenne d’une génération, l’Insee , plus optimiste, lui, évalue que les jeunes ayant 20 ans aujourd’hui pourraient vivre en moyenne jusqu’à 91 ans pour les femmes et 88 ans pour les hommes. Parmi les personnes nées en 2022, les filles vivraient en moyenne 93 ans et les garçons 90 ans. Cependant, reste une incertitude. On peut envisager que, dans les années à venir, les effets du dérèglement climatique, notamment les épisodes de canicule ou la pollution, des habitudes alimentaires facteurs de maladies cardiovasculaires, des problèmes sanitaires ou économiques… puissent être des facteurs ralentissant l’évolution de l’espérance de vie. Le Conseil de l’Orientation des Retraites, lui, estime qu’à l’horizon 2070, le temps de retraite pour les femmes serait autour de 28,8 ans et d’un peu moins de 25 ans pour les hommes.
Enfin, entre rêve et réalité, on peut noter un bel écart. Dans une étude menée par la DREES en 2019, 2 personnes en activité sur 3 exprimaient le souhait de partir à la retraite à 60 ans ou avant…
Marianne Peyri