Retraite : est-ce vraiment mieux en France ? 

On entend dire que la France dispose d’un système privilégié par rapport à d’autres pays notamment européens. Sommes-nous vraiment si bien lotis ? 

1- Un départ en moyenne plus précoce que dans les autres pays ?

En France, on peut prétendre à une pension de retraite actuellement à partir de 62 ans et si la réforme d’Emmanuel Macron est adoptée, à 64 ans d’ici 2030. Cet âge de 62 ans est-il une exception ? Loin de là. D’autres pays appliquent un âge légal de départ à la retraite similaire tels que les États-Unis, la Suède, la Norvège, la Slovaquie…

On trouve même des âges inférieurs, tel que 60 ans au Canada ou, pour les femmes, en Autriche et en Pologne. En revanche, la France marque une grande différence avec des pays comme l’Allemagne, l’Italie et le Danemark, l’Islande qui, eux, ont fixé cet âge légal de départ à la retraite à 67 ans, selon le comparatif du CLEISS.  

Malgré ces écarts, selon le centre d’information sur l’union européenne, touteleurope, les Français, globalement, seraient quand même privilégiés par rapport aux pays de l’Union européenne dont la moyenne d’âge de départ à la retraite est évaluée à 65 ans. En Europe, beaucoup de pays ont prévu de relever ces âges dans les décennies à venir. A titre d’exemple, l’Italie projette quasi 70 ans à l’horizon 2050.

2- Un âge plus tardif pour obtenir le taux plein en France ?

Si cet âge où l’on peut prétendre à des droits donne une tendance, tout dépend aussi du nombre d’années de travail demandé. Il faut distinguer « âge légal de départ » et « âge effectif ».  En France, le nombre d’annuités imposé est 43 ans à l’horizon 2035 ou 2027 si la réforme est adoptée. Si on n’a pas accompli ce temps de travail, il faut attendre 67 ans pour avoir une pension à taux plein.

Dans beaucoup d’autres pays, selon le rapport 2022 du Conseil d’orientation des retraites, ce taux plein se situe plutôt aux alentours de 65 ans (Canada, Allemagne si 45 années de cotisation, Japon, Espagne si 37 ans et 6 mois de cotisation…). Les notions d’âge pour prétendre à un taux plein n’existe pas dans tous les pays, comme en Suède ou en Italie.

Enfin la possibilité de prendre une retraite anticipée existe dans de nombreux pays européens : la France n’est pas une exception. 

3- Montant des pensions : La France à la 14^e place sur 27 pays de l’Union européenne 

Selon les données de l’OCDE, le montant versé aux retraités en remplacement de leur salaire en activité, appelé le taux de remplacement, est très variable selon les pays. Au plus bas de l’échelle mondiale, on trouve l’Afrique du Sud, avec environ 15% et tout en haut le Brésil, avec 88,4%. Parmi les 27 pays de l’Union européenne, la France, elle, prend la 14^e place avec la possibilité en moyenne pour le retraité de toucher près de 60,2% du montant de son salaire lorsqu’il était en activité (chiffres 2020). Les Danois, avec 80% sont les mieux lotis.

La moyenne dans l’Union européenne est de 54,3%. Avec sa 14ème place, la France n’est ni haut du tableau ni en bas… 

4-La France, un pays plus dépensier pour ses retraites ?

Selon Eurostat, pour financer les différentes prestations de pensions de retraites, la France a des dépenses supérieures à la moyenne européenne. L’indicateur des dépenses en pourcentage du PIB représentait 14,4 % en 2020 contre 11,3% pour l’ensemble des pays européens. Dans le top des pays les plus contributeurs, on trouve l’Autriche avec 15,1% du PIB et comme pays le moins dépensier, les Pays Bas. 

5- Espérance de vie en bonne santé : les Français en dessous de la moyenne européenne

Fait-il vraiment si bon vivre et travailler en France ? A différencier de l’espérance de vie à la naissance, l’espérance de vie en bonne santé est évaluée à 63,7 ans en France selon les chiffres de l’Insee. On est ainsi en dessous de la moyenne européenne, établie à 64,2 ans. Parmi les champions dotés d’une population âgée en pleine forme, on trouve en tête la Suède avec une espérance de vie en bonne santé à 73,8 ans, suivie par l’Espagne avec 69,4 ans. 

Marianne Peyri