Voilà l’hiver qui commence à pointer le bout de son blizzard. L’heure pour les communes de vérifier le stock de sel en cas de gel.
Certes, notre région ne s’apparente pas au Grand Nord, mais au moindre coup de gel, les cantonniers s’activent pour éviter glissades et coccyx fêlés au moment d’aller à la boulangerie.
Mais le sel est-il vraiment utile contre le verglas et la glace ?
Avant tout, il faut noter que le sel est répandu soit par prévention, soit a posteriori : une fois l’eau transformée en glace. À vrai dire, c’est la première solution qui est la plus efficace. Chacun sait que l’eau bout à 100 °C et qu’elle commence à geler en dessous de zéro, c’est simple. La chose devient plus compliquée avec le sel car celui-ci vient perturber l’organisation des molécules d’eau. Le chlorure de sodium (ou de calcium) qui est répandu rend plus difficile la cristallisation de l’eau.
Briseur de ponts
Nos cours de chimie nous rappellent, qu’au dessus de 0 °C, les atomes d’hydrogène et d’oxygène (qui composent la molécule d’eau) bougent. Mais plus les températures diminuent, plus ils ralentissent, allant même jusqu’à se bloquer. Alors, les liaisons se durcissent : l’eau devient glace. C’est à ce moment que le
sel joue les trouble-fête : en se mêlant aux molécules d’eau, il limite ces liaisons d’hydrogène. ll empêche ces ponts de s’organiser « normalement » et donc l’eau de geler à 0 °C.
Vous remarquerez qu’il n’y a évidemment aucun risque de marcher sur la plage par grand froid et que l’eau retenue dans les rochers à marée basse ne gèle pas. Plus la concentration en sel est forte, plus la glace se formera difficilement. Il faut attendre des températures bien plus basses que dans l’eau pure. Eh oui, le gel est possible malgré une forte présence de sel : sinon la banquise n’existerait pas. En moyenne, il faut atteindre environ – 15 °C pour que le sel ne puisse empêcher l’eau de geler sur les routes. C’est alors que le sable vient remplacer le sel. Non pas pour arrêter la congélation, car le sable ne se dissout pas dans l’eau… il ne peut donc pas se mélanger aux molécules d’eau. C’est davantage ce caractère indissoluble qui est recherché : les grains de sable vont rester à la surface de la glace. On l’utilise alors comme abrasif pour que les pneus et les semelles accrochent mieux. Pas de coccyx fêlé, ni de tôle froissée.