Au royaume de ceux qui relativisent tout, les détracteurs du recyclage sont rois. A les entendre, cela ne servirait à rien. Certes, le recyclage présente des insuffisances et des limites. Mais il n’en est pas moins nécessaire
Les images des montagnes de textiles s’élevant dans le désert de l’Atacama récemment diffusées par les médias ont choqué. Depuis 40 ans, le Chili est devenu un spécialiste du recyclage et du traitement de vêtements de seconde main. Ceux dont nous ne voulons plus ou qui ne sont plus à notre taille. Ceux que nous avons pris la peine d’apporter dans un bac de recyclage textile en pensant faire une bonne action pour l’environnement.
En France, 56,5% des textiles collectés sont voués à être réutilisés, et majoritairement envoyés à l’étranger (source : Refashion). Seuls 32% des textiles apportés dans les points de dépôt sont réellement recyclés, c’est à dire traités pour en faire de nouveaux produits. Autre parent pauvre, le plastique n’est recyclé qu’à hauteur de 30%, ce qui pose de gros problèmes pour la santé des hommes, des animaux et de la planète.
Des résultats contrastés
Par ailleurs « Une grande partie des métaux ne sont pas ou peu recyclés, c’est le cas de la plupart des métaux mineurs (parfois dits métaux rares, comme le lithium, le gallium ou l’indium). Et les métaux bien recyclés (acier, métaux de base et précieux) ont de leur côté atteint un plateau et ne progressent plus », souligne Florian Fizaine, Maître de conférences en sciences économiques (Université Savoie Mont Blanc), dans un article publié sur le site The Conversation.
En revanche, d’autres matériaux comme les papiers ou le verre (recyclable à l’infini) affichent des taux de recyclage très honorables : 61% pour les premiers et 88% pour le second (source : Citeo). Dans le sillage de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire votée en février 2020, de nouvelles filières émergent. Notamment pour la collecte et le recyclage à grande échelle des mégots de cigarette. Il était temps !
Recycler est nécessaire
L’hétérogénéité de ces résultats et les contraintes ou limites observées, ne disqualifient pas pour autant l’intérêt du recyclage. Le bilan environnemental des filières concernées plaide d’ailleurs en leur faveur. En 2014, nos filières de recyclage ont ainsi permis d’éviter l’émission de 22,5 millions de tonnes de CO2-equivalent. Soit l’équivalent de 20% des émissions du parc automobile Français.
L’utilisation de matières issues du recyclage à la place de matières premières fossiles ou primaires participe donc à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elles permettent aussi d’économiser des ressources naturelles. L’utilisation par un verrier d’une tonne de calcin (verre recyclé) permettant par exemple d’économiser 0,66 tonne de sable et 0,10 tonne de calcaire.
Recycler ne suffit pas
Dans un contexte de croissance démographique mondiale et de surconsommation des habitants des pays les plus riches, recycler n’est cependant pas suffisant. L’exemple du plastique ou du textile en témoigne. Il importe avant tout de réduire nos consommations et nos déchets à la source, avant de songer à réutiliser et recycler ce qui peut l’être (règle des 3R).
Pourquoi ne pas aller plus loin en adoptant la règle des 5R, comme le suggère l’association Zéro Waste. En commençant par Refuser de surconsommer, acte de résistance premier et libérateur. Cela évitera que le petit top pour lequel on a craqué dans un élan compulsif, se retrouve un jour dans le désert de l’Atacama, au Chili.
Alexandrine Civard-Racinais
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Avec le soutien du ministère de la Culture
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