Treize ans après la sélection de Thomas Pesquet, c’est au tour de Sophie Adenot de rejoindre le cercle très restreint des astronautes de l’Agence spatiale européenne. Plusieurs années de formation l’attendent avant d’embarquer à bord de la Station spatiale internationale ou même de poser un jour un pied sur la Lune. Curieux a rencontré l’astronaute

Sophie Adenot, une âme de pionnière et d’exploratrice comme fil conducteur de sa vie. Photos Marianne Peyri

C’est ainsi qu’elle signe ses autographes : « toujours y croire ». De fait, Sophie Adenot semble n’avoir jamais failli dans ses convictions et ses rêves. Fascinée depuis l’enfance par les explorateurs de l’espace comme d’ailleurs des fonds sous-marins, elle évoque également son attachement très jeune à des figures féminines. Marie Curie, « m’a donné le goût des sciences et Claudie Haigneré a été un déclic et un marqueur pour moi. Je me suis dit : il y a une femme astronaute et pourquoi pas moi ? », témoigne ainsi Sophie Adenot, présente ce 5 décembre 2022, à la base aérienne militaire 120 de Cazaux en Gironde. 

Première femme pilote d’essai à la DGA

C’est de fait dans ce fief de la Direction Générale des Armées qu’elle a fait ses armes, entre 2008 et 2012, puis entre 2019 et 2022, comme pilote d’hélicoptère, réalisant notamment des missions de sauvetage sur des zones de combat, puis comme pilote d’essai. Une compétence ultra-pointue consistant à tester de nouveaux aéronefs avant leur certification. A son compteur :  3000 heures de vol sur plus de 22 types d’hélicoptères différents et le titre de première femme pilote d’essai à la DGA.

C’est dans cette base militaire gigantesque, qu’elle s’est imprégnée des valeurs communes aux pilotes comme aux astronautes : « la rigueur, la sécurité, la culture du management du risque, l’humilité, l’audace, l’esprit d’équipe… », liste Damien Brenot, directeur de la DGA Essais en vol, qui loue chez Sophie Adenot « sa volonté sans faille depuis le plus jeune âge, ses capacités de résilience et un savoir-être remarquable. » 

Sélectionnée parmi 22 500 candidats

Lieutenant-colonel de l’Armée de l’air et de l’espace, cette femme, originaire de Bourgogne et âgée de 40 ans, n’en est pas moins une scientifique de haut vol.  On la retrouve parmi les ingénieurs formés à l’ISAE-SUPAERO de Toulouse où elle s’est spécialisée dans la mécanique du vol aérospatial, pour enchaîner par le MIT de Boston et un Master en science des facteurs humains aéronautiques et spatiaux. Sans compter une thèse sur la gravité artificielle. Au-delà des diplômes, se profile aussi chez elle une âme de pionnière et d’exploratrice. « Cela a été le fil conducteur de mon parcours mais aussi dans les sports que je pratique, la plongée en apnée, les sports de montagne, la chute libre en parachute, le yoga qui m’a appris la préparation mentale… », confie cette femme pluridisciplinaire, qui parle anglais, allemand, russe, adore lire, les voyages, la voile, la musique classique…

« Ça décoiffe, c’est surréaliste… »

Ce 5 décembre, les médias se pressaient pour rencontrer l’astronaute dont l’une des missions sera d’être l’ambassadrice de la recherche spatiale et des sciences.

On comprend mieux dès lors pourquoi elle s’est retrouvée dans les cinq derniers candidats, choisie parmi plus de 22 500 européens postulants au voyage dans les étoiles. Elle, elle s’en étonne. « J’ai du mal à le croire. Ça décoiffe, c’est surréaliste ce qui m’arrive aujourd’hui. Lorsque j’ai appris que j’avais été sélectionnée, j’ai ressenti de la sérénité et une explosion de joie » confesse Sophie Adenot, pour qui le critère de sélection le plus important de l’Agence spatiale européenne (ESA) serait, selon elle, surtout l’esprit d’équipe. « Je suis cependant au pied de l’Everest, il faut continuer à monter marche par marche. C’est le début de l’aventure », ajoute-t-elle, impatiente de nouveau et encore d’« apprendre », bien qu’elle ignore encore ce qui l’attend. 

Quatre ans au moins de formation 

« La seule chose que je sais est que ma formation débutera le 3 avril 2023. Je déménagerai en Allemagne, à Cologne, mais pour une première mission dans l’ISS, il est difficile de donner une date, 2026, 27, 28… ? Thomas Pesquet a mis 7 ans avant de pouvoir partir dans l’espace ».  Rejoignant au printemps les 7 astronautes européens déjà en activité et les 4 autres astronautes européens sélectionnés lors de cette campagne 2022, elle suivra près de 4 ans de formation avant de pouvoir rejoindre « ce gros laboratoire de recherche qu’est l’ISS. On devra être capable de mener des expériences dans les domaines de la physique des matériaux, de la physiologie, du médical, arriver à mieux comprendre comment faire pousser des végétaux… Chacun de nous devra être polyvalent », décrit-elle.

En plus des 5 astronautes de carrière, 11 autres candidats ont été sélectionnés comme astronautes de réserve parmi lequel le français Arnaud Prost, officier militaire

Alors que les projets de station orbitale Gateway et Artémis sont lancés et projettent de ramener des hommes à la surface de la lune à partir de 2025, Sophie Adenot se dite prête. « Aller sur la lune, bien sûr que j’en rêve, mais mon objectif avant tout est d’arriver à faire de mon mieux ».

Quant à atteindre Mars (le voyage aller-retour serait de deux ans), selon Sophie Adenot, « on en est encore loin, ce sera sans doute pour d’autres générations d’astronautes. Et là, je le dis aux jeunes. Il faut en effet toujours y croire, quels que soient son origine, son milieu…La performance et la créativité de solutions d’une équipe spatiale viennent justement de la diversité des origines et des parcours. » 

Marianne Peyri

Pourquoi développer des technologies dans l’ISS ?

En tant que scientifique, Sophie Adenot, est particulièrement intéressée par le développement des technologies pour répondre aux défis climatiques. Dans cette vidéo, elle nous donne un exemple d’une de ces technologies présentes dans la Station spatiale internationale (ISS) qui pourrait ensuite être transposable dans nos maisons

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