Vous souvenez vous de votre premier tour de manège ? Non ? Logique, vous étiez bien trop petit. Au point que l’on parle d’ « amnésie infantile » avant 3 ans et demi

La mémoire épisodique fait référence aux souvenirs autobiographiques. Elle permet de se souvenir d’évènements passés, personnellement vécus, que l’on peut resituer dans le temps et l’espace et se projeter ainsi vers le futur. Du moins à partir d’un certain âge, car il est très rare de pouvoir se remémorer des évènements survenus avant 3 ans et demi. Et pour cause…

« La mémoire épisodique se constitue entre les âges de 3 et 5 ans », souligne Francis Eustache, neuropsychologue à l’Inserm, sur le site de l’Institut. Il semblerait en effet qu’avant cet âge, les cellules situées dans le gyrus denté de l’hippocampe, qui joue un rôle déterminant dans la mémoire épisodique, soient encore immatures. La construction de la mémoire est donc progressive.

Mémoire épisodique et sémantique sont liées

En outre il n’existe pas une mémoire, mais cinq systèmes interconnectés impliquant des réseaux neuronaux distincts[1]. La mémoire épisodique est ainsi « étroitement imbriquée avec la mémoire sémantique (celle du langage et des connaissances sur le monde et sur soi) » relève Francis Eustache.

« Quand les mots apparaissent, ils donnent une forme partageable du récit que l’on se fait », complète le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Car la mémoire autobiographique n’est pas le fidèle reflet du passé mais « une représentation de son passé », influencée par de nombreux facteurs. Et cette représentation évolue tout au long de notre vie.

Oubli ne signifie pas absence de souvenir

Enfin, le fait de ne pas pouvoir se remémorer explicitement un souvenir n’est pas synonyme d’absence de ce souvenir. Des recherches récentes menées auprès de nourrissons et de jeunes enfants ont clairement montré que ces derniers étaient capables de former des souvenirs, même si à l’âge adulte, ils sont la plupart du temps incapables de se les remémorer[2]

« La mémoire de soi commence avant les mots », résume joliment Boris Cyrulnik[3].

Alexandrine Civard-Racinais


[1] La mémoire de travail (à court terme), la mémoire sémantique, la mémoire épisodique, la mémoire procédurale et la mémoire perceptive. Voir ici.

[2] Pathman T, Bauer PJ. La mémoire et le développement précoce du cerveau . Dans: Tremblay RE, Boivin M, Peters RDeV, eds. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants [en ligne ici].

[3] Boris Cyrulnik : « Mémoire et biographie » – Conférence à voir ici.

Cet article est issu du livre 100 Fake news face à la science publié par Curieux chez First éditions

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