C’est la meilleure saison pour avoir la tête dans les nuages sans que cela se remarque : le brouillard, c’est ça, un stratus posé sur le sol.
Pour les maniaques de la précision, la brume et le brouillard, c’est la même chose. La différence est une question de visibilité : entre 1 et 5 kilomètres de visibilité, c’est de la brume. En dessous de 1 kilomètre, c’est du brouillard. Mais n’embrouillons pas les choses et passons aux explications.
Pour que le brouillard (ou la brume, on a compris) se forme, il faut que deux masses d’air de températures différentes se rencontrent. On sait que l’air contient toujours plus ou moins d’eau sous forme de vapeur. Mais un volume d’air donné ne peut contenir qu’une quantité limitée et définie d’eau, et cette quantité diminue lorsque l’air se refroidit, puisque l’air occupe moins de volume froid que chaud. Pour ne pas être trop fumeux, disons que 1 kilo d’air occupe plus de volume à 30 degrés qu’à 10 degrés.
Donc, lorsqu’une masse d’air chaude et humide rencontre une masse plus froide, l’humidité qu’elle contient se condense : elle se trouve piégée dans un volume d’air plus petit et se trans- forme en gouttelettes de 1 à 10 microns de diamètre. C’est le brouillard. Ou plutôt les brouillards, car, si la cause principale reste la même, les conditions dans lesquelles il se produit sont très différentes et créent des types différents.
Dans notre région, particulièrement riche en la matière, une des formes les plus fréquentes est celui « d’évaporation » : comme la température de l’air varie plus vite que celle de l’eau, l’air froid de la nuit rencontre celui, plus chaud, qui flotte au-dessus d’un cours d’eau ou d’un lac.
Matins embrumés
Il forme des bancs concentrés au-dessus de ce cours d’eau mais peut se dissiper très vite dès que le soleil réchauffe le tout. Le brouillard de rayonnement n’a pas besoin d’un cours d’eau : lors des nuits sans nuages, la surface de la terre se refroidit très vite et l’humidité qu’elle contient se condense, surtout au petit matin. En montagne, le brouillard de détente survient lorsque l’air humide de la vallée monte et heurte celui réchauffé par le soleil à flanc de colline. On l’a compris, les raisons varient, mais le phénomène, difficile à prévoir parce que localisé, demeure le même. Même pour le plus dangereux : le brouillard givrant, qui est composé de gouttelettes en surfusion. Toujours liquides à une température négative parce qu’elles ne sont pas composées d’eau pure, ces gouttelettes gèlent dès qu’elles entrent
en contact avec quelque chose de solide, créant des plaques de verglas. D’une manière générale, ce phénomène se rencontre plus souvent dans les vallées, en zone forestière ou côtière. On comprend donc que la région en soit particulièrement affectée : s’il n’y a en moyenne qu’un jour de brouillard par an à Nice ou 3 à Ajaccio, on monte à 24 jours à Biarritz, ville la moins brumeuse d’Aquitaine, puis 31 jours à Pau, 46 à Cognac, 52 à Bordeaux, 55 à Agen et carrément 78 à Mont-de-Marsan. Plus de deux mois embrumés… et c’est compter sans les lendemains de fête.