Le CHU de Poitiers dispose d’un dispositif de simulation d’IRM pour préparer les enfants à passer cet examen d’imagerie médicale angoissant. En forme de fusée, le simulateur permet de gagner du temps dans la prise en charge dans le service de radiologie et d’éviter la prémédication voire l’anesthésie générale. Le point avec le docteur Martine Mergy-Laurent, radio-pédiatre au sein du pôle imagerie du CHU de Poitiers
Bruit assourdissant, enfermement dans un tunnel allongé sur le dos, nécessité d’immobilité absolue pendant près de trente minutes… L’IRM (imagerie par résonance magnétique) n’est pas l’examen médical le plus facile à passer. Encore moins pour des enfants, qui, entre 4 mois et 5 ans ne peuvent pas comprendre les consignes de l’examen.
C’est pourquoi, les enfants âgés de moins de 6-7 ans recevaient jusqu’à présent un sédatif avant de le passer, voire subissait une anesthésie générale si la prémédication ne portait pas ses fruits. « C’est une méthode lourde, dont le risque n’est jamais nul et qui nécessite une forte mobilisation du personnel « , explique le Dr Martine Mergy-Laurent, radio-pédiatre au CHU de Poitiers. » En outre, l’enfant devait passer une journée entière à l’hôpital. Or, à Poitiers, le CHU ne dispose que de 3 lits par semaine en hôpital de jour pédiatrique. Ainsi, pour des IRM non urgentes, le délai d’attente est de 9 à 10 mois », déplore la professionnelle de santé.
33 hôpitaux équipés dans le monde, 8 anesthésies générales sur 10 évitées
Consciente de ces difficultés, une équipe de radiologistes de l’hôpital « femme mère enfant » des Hospices civils de Lyon, du docteur Jean-Pierre Pracros, a mis au point en 2012 un simulateur en forme de fusée : « l’IRM en jeu ». Il prépare l’enfant à l’IRM, le rend plus coopératif lors du vrai examen et cela évite le recours à des pratiques d’endormissement médicamenteuses.
Depuis, 33 hôpitaux s’en sont équipés en Europe, en Suisse, au Royaume-Uni, au Canada et en Australie. Et 8 anesthésies générales sur 10 ont été évitées, selon des études comparatives réalisées par 4 hôpitaux.
« Nous rêvions d’en acquérir un « , indique la médecin. « Grâce à Carole Guillevin, ingénieure de recherche au sein du pôle imagerie du CHU de Poitiers, c’est désormais chose faite. Elle a réussi à collecter 26 000 euros, coût d’un appareil, en contactant différents donateurs privés, dont le footballeur professionnel Quentin Bernard, qui évolue à l’AJ Auxerre et parraine l’IRM en jeu. Il ne s’agit pas d’un appareil d’imagerie mais d’un simulateur d’IRM pour se familiariser aux éléments angoissants liés à cet examen. »
Un diplôme de passage dans la fusée
Un manipulateur d’imagerie médicale, une infirmière ou, pour les pré-adolescents, une éducatrice spécialisée explique à l’enfant en quoi consiste une IRM avant de l’installer dans le simulateur comme s’il s’agissait du vrai examen, et de mettre en route l’appareil. L’IRM en jeu reproduit les bruits de l’examen pendant que l’enfant est allongé sur le lit, confiné dans le tunnel. Une application sur écran tactile pilote le visionnage d’un dessin animé à l’intérieur du tunnel. Trois séquences de bruit de 3 minutes d’une vraie IRM sont diffusées dans des enceintes à niveau sonore réglable.
Une caméra interne filme les réactions de l’enfant et détecte ses mouvements. Une retranscription des résultats de son immobilité recherchée sous forme de couleurs rouge-orange-vert permet de décider avec l’enfant du passage ou non, dans la foulée, dans le vrai appareil sans anesthésie préalable.
Inaugurée en mai 2022, l’IRM en jeu du CHU de Poitiers a d’ores et déjà accueilli une cinquantaine d’enfants âgés de 3 à 13 ans. Ils en ressortent pour la plupart avec un diplôme de passage dans la fusée et sans anesthésie générale avant l’IRM, la vraie.
Le CHU de Bordeaux dispose aussi d’un tel outil.
Florence Heimburger
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