En stockant le carbone et en rejetant de la vapeur d’eau, les plantes vertes rendent aux humains des services essentiels. Toutes ? Oui, répond Catherine Lenne, enseignante-chercheuse en physiologie végétale à l’université Clermont Auvergne. Interview
« Les plantes vertes de nos jardins fabriquent elles-mêmes leur nourriture quotidienne à partir du dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’air et de l’eau du sol. La transformation de ces deux éléments de base en nourriture s’effectue dans les feuilles grâce à la photosynthèse.
Au cours de cette opération, les feuilles fonctionnent un peu comme des panneaux solaires ! Elles convertissent l’énergie solaire en énergie chimique. A partir de l’eau et du CO2, elles produisent de la matière organique carbonée. Il s’agit des premières briques élémentaires, des sucres simples, qui serviront ensuite à fabriquer des sucres plus complexes et toutes les substances carbonées dont la plante a besoin pour vivre !
Les plantes, puits de carbone
Au cours de ce processus, l’élément carbone (C) se retrouve piégé dans la matière organique carbonée. Toutes les plantes ligneuses, celles qui fabriquent du bois, constituent des puits de carbone et participent donc à la réduction des Gaz à Effet de Serre (GES). C’est le cas des arbres, mais aussi des rhizomes comme l’iris des jardins, ou de la carotte sauvage. Si l’on regardait à l’intérieur de leurs racines et de leurs tiges, on verrait du bois.
Bien sûr, plus une plante est grande et vit longtemps, plus importante sera sa capacité de séquestration. Un chêne de 40 m de haut, doté d’un tronc de 1,60 m de diamètre peut ainsi constituer tout au long de sa vie, un stock de 5000 kg à 7500 kg de CO2.
Quand les plantes transpirent
Une plante a donc besoin de CO2 et d’eau pour fabriquer sa nourriture. Au moins 300 à 400 litres d’eau circulent tous les jours dans un arbre adulte de 25 mètres de haut. Mais 2% seulement de l’eau puisée dans le sol est utilisée pour la photosynthèse ou la croissance. Le reste, soit 98%, est perdu par évapotranspiration. L’eau circule à l’état liquide des racines jusqu’aux feuilles, via les branches. Elle est ensuite transformée en vapeur d’eau à l’intérieur même des feuilles : c’est l’évaporation. Puis la vapeur d’eau est évacuée à travers de minuscules ouvertures situées sur la face inférieure des feuilles, les stomates : C’est la transpiration. Les deux processus ayant lieu simultanément, on parle d’évapotranspiration.
Mais cette eau n’est pas perdue pour tout le monde ! Un arbre qui évapore consomme beaucoup d’énergie, car la vaporisation de l’eau utilise de la chaleur. Il contribue donc faire diminuer la température environnante. La vapeur d’eau rejetée dans l’atmosphère produit aussi un effet de fraicheur, une brumisation non négligeable en période de fortes chaleurs. Autant de bonnes raisons pour végétaliser nos villes et nos jardins, planter des arbres ou des massifs de fleurs en fonction de la place dont chacun dispose. En veillant à privilégier des variétés locales, adaptées à son lieu de vie. »
Propos recueillis par Alexandrine Civard-Racinais
A lire pour prolonger cet entretien
- « Dans la peau d’un arbre. Secrets et mystères des géants qui nous entourent », Belin Editeur, Humensis, 2021.
- Le blog de Catherine Lenne : Des fleurs à notre porte
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