Le moustique-tigre a plus d’un tour dans son sac. Cette espèce parmi les plus invasives au monde a déjà colonisé une quarantaine de départements depuis sa découverte dans le sud de la France et en Espagne, en 2004. Mais comment conquiert-il de nouveaux territoires à cette vitesse ?
En volant, me répondrez-vous ? Logique, mais ce n’est pas suffisant. Car la petite bébête ne se déplace que de 200 mètres par jour à tire d’aile, et son espérance de vie ne dépasse pas un mois. Trop peu pour parvenir à remonter l’Hexagone département après département. Comparé à certains de ses cousins qui migrent sur plusieurs dizaines de kilomètres pour aller sucer du sang, il fait donc figure de demi-portion. Alors, pour expliquer sa progression, les scientifiques penchaient plutôt pour un transport routier. Cela a finalement été prouvé par une étude publiée début 2018 dans « Scientific Reports » par des chercheurs de Barcelone et de Montpellier.
Avec l’aide de la police catalane, les scientifiques ont arrêté les voitures à la frontière avec la France. Pendant qu’un chercheur interrogeait les conducteurs sur leur itinéraire, un autre aspirait toute la voiture. Ceux-là n’auront pas passé la douane… Résultat ? Les moustiques-tigres prennent 5 voitures sur 1 000. Alors, ils montent, montent, montent vers le nord. Suffisant pour la colonisation. Mais ce moustique venu des régions chaudes d’Asie du Sud-Est, par nature, n’aime pas le froid et subit de plein fouet les gelées qui, théoriquement, devraient faire diminuer sa population. Or, ce cher Aedes albopictus, comme toutes les espèces invasives, possède une grande faculté d’adaptation. Cela lui a déjà permis de conquérir des territoires où il n’était pas attendu.
Si vous voulez limiter son expansion via le transport, ne croyez pas que laisser votre voiture en plein soleil suffira pour l’éliminer. En effet, ses œufs résistent à ce que l’on appelle une dessiccation, c’est-à-dire un assèchement. C’est l’un de ses plus grands atouts pour son expansion. Cela explique pourquoi il traverse le monde entier et s’attaque à toute l’Europe et à l’Amérique du Nord, via le transport international. Les pneus usagés étant son cocon préféré…
Alexandre Marsat
