Les relations homosexuelles étaient condamnées en France et dans de nombreux pays occidentaux il y a encore peu de temps. Malgré sa dépénalisation au cours du XX ème siècle dans la plupart des pays, l’homosexualité suscite encore incompréhension et rejet. Certains parlant même de contre-nature. Mais que signifie précisément ce terme ? Cette affirmation a-t-elle réellement un sens ? Démêlons le vrai du faux
Contre-nature, un terme souvent employé par ceux qui condamnent l’homosexualité. Car pour eux, elle serait contraire à l’ordre naturel des choses et… à la morale. Ce qui explique des décennies de répression à l’égard de l’homosexualité. Il y a d’un côté les croyances religieuses notamment dans le christianisme, l’islam et le judaïsme, qui ont toujours considéré l’homosexualité comme un « pêché » voire « une déviance contre-nature ». Et puis de l’autre, les sociétés occidentales qui ont sévèrement condamné les relations homosexuelles, notamment en France.
C’est ce qu’exposent les maitres de conférence Jérémy Gauthier et Régis Schlagdenhauffen dans leur article scientifique publié en 2019, Les sexualités « contre-nature » face à la justice pénale. Une analyse des condamnations pour « homosexualité » en France (1945-1982). En 1942, sous le régime de Vichy, le code pénal réprimait quiconque avait commis « un ou plusieurs actes contre-nature avec un mineur de son sexe âgé de moins de 21 ans ». Il faudra attendre 1982 pour que l’homosexualité en France soit définitivement dépénalisée.
L’homosexualité a toujours existé dans la nature
Intéressons-nous de plus près à la nature. Dans son livre, Animaux Homos – histoire naturelle de l’homosexualité publié en 2018, et plus tard, dans une conférence consacrée à l’intelligence animale, la journaliste scientifique et éthologue, Fleur Daugey, réfute catégoriquement l’idée que « l’homosexualité est contre-nature ». Elle révèle que l’homosexualité a été observée chez plus de 1500 espèces et scientifiquement étudiée chez 500 espèces. Les animaux se séduisent, forment des couples homoparentaux, et ont même des relations sexuelles depuis la nuit des temps. Et ces comportements sont loin d’être une anomalie.
Mais l’observer dans la nature, chez les insectes, mammifères ou encore les reptiles, signifie t-il pour autant que l’homosexualité n’est pas contre-nature ? Seul cet argument est aujourd’hui avancé pour tenter de démontrer que l’homosexualité est bien dans la nature. En réalité, il n’existe aucune étude ou preuve scientifique pouvant affirmer ou infirmer cet argument. Car le terme même de « contre-nature » suscite bien des fantasmes et alimente un débat impossible à prouver…
Finalement, l’idée que l’homosexualité serait contre-nature est surtout utilisée par ceux qui n’acceptent pas cette pratique pour la condamner. Les fervents opposants à l’homosexualité se fondent sur une morale et des croyances faute de preuves scientifiques. Mais dans les faits, les actes nuisibles à autrui sont condamnables par la justice. Ce qui, dans de nombreux pays, n’est plus le cas de l’homosexualité mais plutôt de l’homophobie.
Clémentine Rivière