C’est l’une des principales préoccupations environnementales : nos butineuses vont-elles disparaître ? Une théorie envisageable puisque plus de 30 % des colonies d’abeilles domestiques meurent chaque année.
« Le rôle des apiculteurs est alors considérable, car ils traitent leurs abeilles contre le varroa, une espèce d’acarien parasite responsable de nombreuses pertes dans les ruches, et ils reconstituent les stocks chaque année », explique Yves Le Conte, directeur de recherche à l’unité abeilles et environnement de l’Inra d’Avignon.
Et les espèces d’abeilles solitaires présentes en France, au nombre d’une centaine, sont encore plus sensibles que l’abeille domestique, l’Apis mellifera. Les pesticides et le changement d’écosystème vont les toucher de plein fouet. « Davantage de terre pour l’agriculture intensive et pour l’urbanisation, cela fait moins de possibilités de nidification pour ces abeilles », précise le directeur de recherche. Lorsque l’on tue une de ces abeilles femelles, on tue le nid. Ce qui n’est pas forcément le cas avec les abeilles sociales, les butineuses jouant le rôle de tampon avec les nourrices restant dans la colonie. « En Europe, certaines espèces ont disparu depuis la moitié du XXe siècle et beaucoup sont sur liste rouge. » Selon de nombreuses études, les insecticides touchent le système nerveux des abeilles. En rencontrant de nombreux pesticides, la butineuse reçoit un cocktail de molécules qui lui laisse peu de chances de survie : soit elle sera désorientée et ne pourra plus rentrer au nid, soit elle intoxiquera la ruche. « On a démontré que, s’ils ne les tuent pas directement, les pesticides, insecticides et fongicides affaiblissent les défenses immunitaires des abeilles et les rendent plus sensibles aux maladies. » Pour remédier à ce problème, Yves Le Conte est formel : « Il faut absolument limiter l’utilisation de pesticides et soutenir les apiculteurs. Grâce à eux, on continuera à avoir des abeilles. »
Alexandre Marsat