Les chats sont gris parce qu’ils sont de sacrés malins qui se dissimulent la nuit pour passer incognito. Mais quand on parle couleurs, tout est question d’optique
Notre appareillage optique est composé de bâtonnets et de cônes. Les premiers perçoivent les lumières et les seconds, les couleurs. Avec une faible luminosité, c’est l’anarchie entre eux : les bâtonnets continuent à travailler, mais les cônes, qui perçoivent les couleurs grâce à leur sensibilité à la lumière, sont alors incapables de continuer le service. On distingue des formes mais pas les couleurs. L’herbe est grise comme le chat. En gros, on voit en noir et blanc. Mais ce satané chat, lui, y voit bien mieux que nous. Là où nous sommes effrayés par une simple ombre que l’on considère comme une silhouette, le chat se balade en distinguant les éléments. Un vrai espion avec des lunettes infrarouges.
De nombreux animaux, pour voir dans la nuit, ne sont pas handicapés par cette histoire de cônes et de bâtonnets. Ils possèdent des cellules réfléchissantes au fond de la rétine pour mieux capter la lumière. Ce qui explique que, si les phares de notre voiture croisent leurs yeux, ils sont éblouis autant que leur regard nous éblouit. Ces sortes de miroirs au fond de leur rétine sont un vrai avantage pour se déplacer plus facilement dans l’obscurité.
Mais, finalement, qu’est-ce que la nuit ?
À l’heure de la pollution lumineuse tous azimuts, on ne connaît plus vraiment la nuit. Si nous la fuyons, c’est le moment où une majorité d’animaux, eux, sortent. L’évolution les a dotés de nombreuses adaptations pour vivre dans leur milieu naturel : la vision nocturne donc, mais aussi thermique (ou infrarouge), une ouïe développée, l’écholocalisation… Autant d’astuces fortement perturbées par nos lumières. Ce halo lumineux au-dessus de nos villages, villes ou centres commerciaux vient troubler la migration des milliers d’oiseaux qui traversent notre ciel. Ils se repèrent en effet au clair de lune et s’orientent avec les étoiles qu’ils discernent alors mal à cause de nos éclairages. Leur trajectoire est modifiée et, dans le pire des cas, certains vont tourner autour des sources lumineuses et mourir d’épuisement. Des espèces disparaissent même des villes, avec des conséquences en chaîne sur la biodiversité. Les chats gris ou roux peuvent continuer à se régaler…
