Le coup de foudre est décrit par ceux qui l’ont vécu comme un phénomène brutal et indescriptible. Ça, c’est pour le fantasme. Notre cerveau sécrète alors un mix de molécules chimiques qui font naître un bouillonnant désir à nul autre pareil. Mais une étude scientifique de l’Université de Groningen (Pays-Bas) contredit la thèse du grand amour. Démêlons le vrai du faux
Le coup de foudre n’est pas connu de tous. Certains sont réceptifs. D’autres se parent d’une carapace pour éviter de connaître un tel sentiment. Car oui, pour vivre une « love at first sight » selon l’expression anglaise, il faut le vouloir et le croire.
L’idée d’être foudroyé est aussi une histoire de molécules chimiques. Parmi elles, l’adrénaline, les endorphines, la noradrénaline et la dopamine. La première accélère le rythme cardiaque en cas d’émotion forte. La seconde sécrète du stress qui peut apparaître au début du coup de foudre. La troisième provoque aussi une accélération cardiaque. Enfin, la dopamine favorise l’excitation. Tous ces éléments réunis forment alors un cocktail explosif dans le corps.
Le coup de foudre ne fait pas le moine
Bernard Sablonnière, chercheur en neurobiologie et auteur de l’ouvrage La Chimie des sentiments explique avec précision ce que la dopamine entraîne en cas de coup de foudre. La molécule permet à l’individu concerné de foncer vers sa cible. Autrement dit, l’homme ou la femme responsable de ce sentiment.
Mais assez rapidement, une seconde molécule intervient pour contrer la passion qui anime tout l’être : la sérotonine. Après une période estimée à deux ou trois ans et si la relation a subsisté, l’individu précédemment animé par un amour sans faille commencent à déceler les défauts chez l’autre. Chose à la fois normale et saine.
Amour ou attirance ?
L’étude de l’Université de Groningen, qui s’intitule « What kind of love is love at first sight ? An empirical investigation », publiée dans le Journal of the International association for relationship research, ouvre une autre porte pour décrypter le coup de foudre. Selon les quatre auteurs, il ne se définit pas comme de l’amour à proprement parler mais par une attirance physique très forte.
Ils évoquent même la notion de confabulation. Ce trouble touche le plus souvent des personnes amnésiques. Après un choc, certaines d’entre elles peuvent inventer des pans d’une vie qu’elles n’ont pas vécue.
Le même phénomène peut se traduire pour le domaine qui nous intéresse. Des individus sont plus susceptibles d’embellir la genèse d’une histoire d’amour. La mémoire se confond alors entre des éléments vécus et non-vécus. Toujours selon l’étude, certains qui ont pour habitude de vendre le coup de foudre comme un idéal à atteindre favoriseraient ce genre de comportement.
Le coup de foudre dépend donc de multiples facteurs émotionnels, physiques et chimiques. Il n’est pas forcément considéré comme de l’amour. L’attraction qui s’en dégage peut durer et se transformer par un lien de l’attachement grâce à l’ocytocine.
Au contraire, l’attirance est parfois amenée à ne pas dépasser le stade de la passion.
Marion Allard-Latour