La crise climatique s’aggrave partout, à des niveaux sans précédent. La région Nouvelle-Aquitaine n’est pas épargnée. Quelles conséquences ? Quelles actions clés pour y faire face ? Le climatologue Hervé Le Treut, président d’Acclimaterra, Comité scientifique régional sur le changement climatique, nous répond
« Particulièrement vaste, la Nouvelle-Aquitaine offre avec ses 84 000 km2 une grande diversité de paysages : le littoral et ses 720 kilomètres de côte, des paysages de moyenne montagne dans les Pyrénées, les pertuis charentais, les marais poitevins, une zone sableuse à Bordeaux, etc. Nous serons confrontés à un ensemble très large de problèmes induits par l’eau : élévation du niveau de la mer, érosion, recul et submersion des côtes, avancée dunaire dans les terres, fonte des glaciers modifiant faune, végétation et paysages. A l’inverse, il y a un impact négatif de périodes de sécheresse sur la productivité des cultures (vignes y compris), modification de la qualité des sols. Mais aussi un risque accru de feux de forêts, dans les Landes notamment ; et des tempêtes et inondations plus fréquentes…
Conserver les écosystèmes et développer l’agroforesterie
Pour limiter l’impact du dérèglement climatique, il est primordial de conserver les surfaces boisées et les espaces de prairies permanentes, de développer la plantation de haies et l’agroforesterie (association d’arbres, cultures et animaux sur une même parcelle agricole) : ces modes d’occupation des sols captent et stockent plus de carbone. L’augmentation de ces puits de carbone limiterait l’effet de serre.
Il faut protéger aussi la biodiversité et en particulier la biodiversité remarquable et surveiller l’introduction possible de nouvelles espèces exotiques invasives…
Un phénomène global à combattre aussi localement
Le climat de la région Nouvelle-Aquitaine dépend très largement du climat global de la planète Terre. Au niveau mondial, les gaz à effet de serre, principale cause du réchauffement climatique, ne cessent d’augmenter.
La gestion du(des) problème(s) devra être multiple, globale et locale. L’action locale a beaucoup de sens dans la lutte contre le dérèglement climatique »
La prise de décision doit se faire en tenant compte de la grande diversité des situations. Certaines évolutions comme la montée du niveau de la mer sont prévisibles mais les solutions envisagées pour limiter le phénomène sont discutées : vaut-il mieux construire des digues ou imposer un retrait des habitants du littoral ?
La gestion du(des) problème(s) devra être multiple, globale et locale. L’action locale a beaucoup de sens dans la lutte contre le dérèglement climatique. »
Hervé Le Treut est un climatologue professeur à Sorbonne Université et Polytechnique, présent à la COP 26. Il est président d‘ AcclimaTerra, le Comité scientifique régional sur le changement climatique, devenu association en 2018 et initié par la région Nouvelle-Aquitaine.
Florence Heimburger