Longtemps considéré comme inutile, l’appendice aurait en réalité un rôle bien réel, comme le démontrent différentes études scientifiques. Il allongerait même notre durée de vie. Explications.
Considéré par plusieurs scientifiques comme un mystérieux vestige de l’évolution et de nos ancêtres mangeurs de feuilles, l’appendice ne servirait à rien. Du moins, c’est ce qu’on a longtemps cru. Il peut s’enflammer et s’infecter : c’est l’« appendicite ». Le chirurgien doit alors retirer cet organe de 5 à 10 centimètres situé à l’extrémité du colon pour éviter qu’il ne provoque une péritonite, en se perforant, qui engagerait le pronostic vital.
Un réservoir de bonnes bactéries…
Depuis plusieurs années, plusieurs équipes de recherche dans le monde bat en brèche ce credo de l’inutilité de l’appendice. En 2007, des chercheurs américains de l’Université Duke (Caroline du Nord) ont par exemple montré dans une publication scientifique que cette excroissance sert de refuge aux « bonnes bactéries » qui tapissent les parois de notre intestin. Lors de fortes diarrhées (infectieuses en particulier), ces micro-organismes sont protégés à l’intérieur de cet abri naturel, réserve à partir de laquelle ils peuvent recoloniser l’intestin.
L’appendice serait aussi un réservoir immunitaire rempli de lymphocytes T et B, qui permettrait dans le jeune âge de préparer nos défenses aux agressions microbiennes ou virales à venir, et donc de mieux nous protéger.
L’équipe a publié une étude phylogénétique dans laquelle ils montrent que l’appendice existe depuis plus de 80 millions d’années sous des formes différentes chez plusieurs espèces de mammifères, dont les primates et certains rongeurs. Selon les chercheurs, si l’appendice a perduré aussi longtemps dans le monde vivant, c’est bien qu’il présente un avantage évolutif.
L’appendice augmente la longévité !
En 2021, c’est au tour d’une équipe de l’Inserm et du Muséum national d’Histoire naturelle de publier une étude révélant un autre intérêt de l’appendice : il jouerait un rôle sur la longévité de l’espèce ! Conclusion des chercheurs après avoir étudié 258 espèces : celles qui en sont dotées (39) vivraient en moyenne 60 % plus longtemps que les autres!
Pour toutes ces raisons, il est donc conseillé aujourd’hui de ne pas retirer cette partie anatomique comme on a pu le faire de manière trop systématique durant les 50 dernières années. Si l’appendicite est avérée alors il faut supprimer l’excroissance enflammée. S’il s’agit d’une suspicion, on réalise des examens complémentaires pour affiner le diagnostic et la thérapie.
En France, plus de 70 000 appendicectomies, c’est-à-dire ablations de l’appendice, sont réalisées chaque année. Un chiffre qui pourrait être réduit de moitié.
Florence Heimburger