En France, plusieurs centaines d’enfants sont victimes chaque année du syndrome du bébé secoué. Cet acte très violent réalisé par un adulte exaspéré par les pleurs peut entraîner des séquelles à vie et, dans 10% des cas, la mort. Le point à l’occasion du lancement d’une campagne nationale
Tom est né en juin 2014. Quatre mois plus tard, sa vie et celle de sa famille basculent. « Nous l’avons récupéré un soir chez sa nounou tout blanc, mou, hagard, raconte Bertrand Gimonet, son père. À la maison, il s’est mis à vomir. Rétabli et à nouveau confié à sa nourrice, il a ensuite dû être admis aux urgences. L’hôpital diagnostique une allergie à la protéine de lait de vache. Tom se remet à nouveau et retourne chez sa nounou, où il est victime d’un arrêt cardiaque. Hélitreuillé au CHU de Besançon, notre fils, en coma profond, ne montre plus aucune activité cérébrale. Nous décidons de le débrancher. »
Le père de Tom ajoute : « Les examens puis une enquête révèlent qu’il a été secoué au moins trois fois. Un signalement au Procureur de la République est fait, nous, les parents, portons plainte. »
Bertrand Gimonet médiatise l’histoire de son fils Tom pour éviter que d’autres victimes soient touchées. Je médiatise notre histoire pour que la mort de Tom épargne de nouveaux drames », insiste Bertrand Gimonet. Il est aussi l’auteur de deux livres jeunesse sur le syndrome du bébé secoué (SBS)** et sur le deuil** d’un enfant.
D’autant qu’après deux ans de crise sanitaire, le nombre de bébés secoués aurait augmenté selon l’hôpital Necker à Paris, qui a constaté un doublement de l’incidence entre janvier et juin 2021.
Un geste d’une extrême violence
Le docteur Anne Laurent-Vannier, ancien chef du pôle de rééducation enfant aux Hôpitaux de Saint-Maurice (Val de Marne) explique le syndrome du bébé secoué : « C’est un adulte qui empoigne un bébé et le secoue d’avant en arrière pour le faire taire, rien à voir avec le jeu qui consiste à le lancer en l’air pour l’amuser. »
La présidente du groupe de travail 2017 de la Haute autorité de santé dédié au diagnostic de ce syndrome précise : « C’est un geste d’une extrême violence qui est à l’origine d’un traumatisme crânien et de lésions particulières permettant de poser le diagnostic : du sang en nappe autour du cerveau (hématome sous-dural multifocal par rupture de veines qui vont en pont du cerveau au crâne), du sang au fond des yeux et parfois des lésions cérébrales irréversibles. Ces lésions sont visibles au scanner, à l’IRM et au fond d’œil et nécessitent un traitement spécifique pour limiter les séquelles. »
Le diagnostic est difficile faute de lésions externes. Les symptômes sont très variés allant de vomissement en jet, sans fièvre et sans diarrhée, d’une moindre interaction, moins bonne tenue de tête, troubles de l’alimentation et du sommeil au malaise très sévère et impressionnant avec troubles respiratoires et de la conscience, grande pâleur et hypotonie (« poupée de chiffon », etc. Bref, le bébé n’est plus comme avant.
Comment prévenir le syndrome du bébé secoué ?
Le docteur Laurent-Vannier souligne : « Il est normal d’être exaspéré quand on n’arrive pas à apaiser les pleurs d’un bébé, mais il n’est pas normal de passer à l’acte »
Le médecin conseille : « Si l’on est exaspéré, il faut créer de la distance avec l’enfant : le coucher sur le dos en sécurité dans son berceau, et quitter la pièce puis aller s’apaiser et demander de l’aide… »
Florence Heimburger
Pour aller plus loin :
- https://bertrandgimonet.com
- https://enfance-et-partage.org
- https://syndromedubebesecoue.com
- Allo Parents Bébé, premier numéro vert national anonyme et gratuit d’aide et de soutien à la relation parents-enfants, créé par l’association Enfance et Partage : 0 800 00 34 56.
- http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/26-27/2019_26-27_4.html
(1) La rentrée de Tom, bébé secoué et Léa, une étoile filante de Bertrand Gimonet, éd. Publisroom Factory, 14 € et 12,90 € (et 4,99 € en version ebook).
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