Créer des gobelets de bière en résidus de brassage de bière est une des possibilités initiées par Waste Me Up. Basée à Saint-Geours-de-Maremne, au cœur des Landes, la jeune entreprise pourrait permettre de valoriser d’autres résidus de l’industrie agro-alimentaire
« La bière, c’est sain, c’est que des céréales » diront les alcooliques de service. C’est pas faux (pour les céréales). Et toutes ces céréales sont jetées après fermentation et fabrication de la boisson. Parfois, en zone rurale, elles sont récupérées pour servir d’alimentation animale. Sinon, dommage. Orge, blé, riz… tous ces résidus qui forment la « drêche » sont jetés en quantités énormes : une petite brasserie en produit environ une tonne par jour. Un poids composé à 80% d’eau chaude, ce qui rend le mélange difficilement stockable : de l’eau, de la chaleur, des matières organiques et ça repart vite en fermentation. Au bout de 24 heures, les bactéries font leur boulot et alors conservation et réutilisation deviennent impossibles, ne serait-ce qu’à cause de l’odeur.
Des gâteaux en farine de bière
Pour les réutiliser efficacement, il faut donc sécher ces drêches et c’est là que Waste Me Up intervient. L’entreprise basée dans les Landes, à Saint-Geours-de-Maremne, utilise un système de séchage qui les stabilise les drêches aux alentours de 10% d’humidité. Plusieurs appareils forment une sorte de four consommant peu d’énergie et le tour est joué : les résidus du brassage sont réutilisables. De deux manières différentes. Soit on les broie et on obtient une poudre composée à 40% de fibres et 20% de protéines qui peut alors être utilisée comme farine pour des biscuits salés et sucrés. C’est une biscuiterie landaise qui reçoit ce broyat et l’utilise pour ses produits.
Soit on applique un processus de thermo-compression et, en ajoutant 10% de colle naturelle, on obtient des panneaux qui peuvent être transformés en planches à découper, en sous-bock, en vaisselle jetable ou… en gobelets de bières.
Façon imagée et maline de dire qu’on est dans une économie entièrement circulaire. Avec deux types de produits : l’un, brut, à usage limité dans le temps (biodégradable, il ne supporte pas d’être lavé à plus de 50°c) et l’autre, mélangé à du plastique recyclé, devient alors une éco-cup classique. Une manière de boire sa bière dans de la bière… Sans risque de pénurie : avec les 1,5 tonne de production quotidienne d’une des brasseries partenaires, Waste Me Up obtient 100 kg de matière sèche d’où seront issus 70 kg de plaques qui produisent .000 gobelets.
Tous les résidus peuvent sécher
C’est un peu par hasard que ce système a vu le jour. A l’origine, Florian Bethgnies et Frédéric Mauny, venus tous les deux du secteur de l’alimentation animale, destinaient leur trouvaille à ce secteur. C’est la rencontre impromptue avec un plasturgiste qui a inspiré l’idée de ces plaques en drêche qui ont un peu la consistance des fibres de bois. Et pour l’utilisation comme farine, c’est Florian Bethgnies, pâtissier de formation, qui a testé la formule pour ses cookies et « ça allait plutôt bien. »
Créée en décembre 2020, Waste Me Up est la seule entreprise à proposer un système de séchage des aliments aussi performant au point que plusieurs entreprises agro-alimentaires des environs ont recours à eux pour tester le séchage de leurs résidus… en réfléchissant à la manière de les utiliser ensuite. Mais l’idée de la réutilisation des déchets alimentaires est dans l’air. Et la petite entreprise compte bien essaimer partout ailleurs pour se rapprocher des sources de production.
Jean Luc Eluard
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