Avec ou sans arrière-pensée ? Toutes les fake news ne se ressemblent pas. Mais la plupart servent, d’une manière ou d’une autre, les personnes qui les lancent…
Créer ou diffuser une fake news, c’est une démarche rarement innocente. Une précision tout d’abord : il sera bien question ici de fake news, et non d’erreur. Il arrive ainsi que des journalistes, travaillant pour des médias sérieux, produisent ou relaient des erreurs, parfois même majeures, comme celle ayant conduit à l’annonce de l’arrestation, à Glasgow, de Xavier Dupont de Ligonnès. Mais il est rarissime qu’ils le fassent sciemment, au risque de ne plus pouvoir exercer leur métier. Cet article s’intéresse donc aux fake news, ou infox : des informations délibérément fausses, diffusées pour des raisons multiples. En voici les principales, motivant la plupart des fake news.
1- Pour plaisanter
Il n’est pas question ici d’un site comme Le Gorafi, qui pratique la satire et l’affiche sans ambiguïté. Mais d’autres lancent des fake news « pour s’amuser », en faisant le maximum pour maquiller leur rumeur en information crédible. On se souvient ainsi de celle ayant accusé un animateur de télévision d’être impliqué dans l’affaire des chevaux mutilés, qui a pris une ampleur démesurée. Ou cette actrice d’une série à succès qui avait dû démentir l’agression d’un client dans un supermarché. Sans autre arrière-pensée, visiblement, que des visées humoristiques, ces fake news peuvent tout de même avoir des conséquences importantes et valoir aux personnes qui en sont les cibles de nombreux désagréments.
2- Pour faire passer un message politique
Un réseau pédophile sataniste dans la cave d’une pizzeria prisée de certains responsables politiques, à Washington ? L’armée américaine qui apporte le Coronavirus sur le sol chinois ? Ces fake news ont été abondamment relayées. La seconde par des officiels chinois, pour dédouaner leur pays et accuser le rival américain. La première par des adeptes de Qanon, ce mouvement complotiste proche de Donald Trump : l’un de ses membres avait même fait irruption avec un fusil dans la pizzeria en question, heureusement sans faire de victimes. Ces fake news là sont lancées pour porter un message politique, jouant le plus souvent sur l’indignation ou la peur pour se répandre.
3- Pour gagner de l’argent
C’est sans doute l’un des ressorts majeurs des producteurs de fake news : ces dernières sont souvent très partagées, amènent du trafic sur un site donc des revenus publicitaires. C’est par exemple le choix ancien grand nom de la presse française. Il n’emploie plus de journaliste, mais ouvre ses colonnes à de nombreuses théories complotistes, ce qui lui vaut un succès d’audience, le titre revendiquant 3 millions de visiteurs uniques chaque mois… Mais ce qui lui vaut aussi d’être privé de ses revenus publicitaires par Google comme l’explique L’Express.
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Jean Berthelot de La Glétais