DR LAURENT ARTHUR

Le vampire commun ne peuple pas les forêts des Carpates, mais celles d’Amérique latine. Cette chauve-souris se nourrit du sang des autres animaux, mais elle fait preuve d’une étonnante solidarité envers les siens ! Voici son portrait, loin de la figure maléfique de Dracula crée par Bram Stocker en 1897 ou des descriptions du naturaliste Buffon

« Buffon, qui disait  beaucoup de bêtises, a écrit dans son Histoire naturelle que la chauve souris vampire était aussi difforme que malfaisante, c’est totalement faux ! » s’insurge Laurent Arthur ancien conservateur adjoint au Muséum de Bourges et grand spécialiste des chiroptères. Certes, cette chauve souris tropicale ne correspond pas à nos canons esthétiques, mais elle a aussi des côtés attachants, du moins pour ses congénères.

Il se nourrit de lait et de sang

Le vampire commun fait partie de la sous-famille des desmodontinés qui regroupe trois espèces de chauve-souris hématophages  « seuls mammifères à se nourrir exclusivement de liquide durant toute la vie ». L’introduction du sang dans l’alimentation du bébé s’effectue progressivement, sa mère régurgitant des doses de plus en plus importantes de sang au fur et à mesure que le petit grandit. L’hémoglobine, dont le vampire commun se nourrit, est prélevé sur d’autres animaux à sang chaud, notamment les bœufs « offerts sur un plateau par les hommes en raison de la déforestation de la forêt amazonienne ». 

Il est agile et bien équipé

Le vampire commun prend appui sur la plante des pieds et les callosités des pouces des mains (photo) pour progresser au sol. PHOTO LAURENT ARTHUR

Le vampire commun sait se faire discret. L’approche est silencieuse et… terrestre. « Cette chauve souris se déplace comme quelqu’un qui aurait des problèmes de dos et aurait besoin de béquilles ». Ce qui ne l’empêche pas de faire preuve d’une étonnante agilité. Il est capable de marcher (y compris à reculons !), sautiller et courir au sol ! 

Le Comte Dracula plantait ses canines dans le cou de ses victimes féminines, après les avoir hypnotisées. Rien de tel chez le vampire qui utilise ses incisives tranchantes pour cisailler les veines à fleur de peau de ses proies endormies. Il prélève ensuite le sang qui s’en écoule au moyen de sa langue en canule, tout en émettant une substance anticoagulante baptisée… Draculine*.  Son repas dure entre 10 et 40 minutes. Après quoi, il regagne son gîte, le ventre plein.

Il est solidaire

Ces repas nocturnes sont essentiels à sa survie. Un vampire privé de sang pendant 60 heures meurt d’inanition ! Alors, lorsque l’un des membres de la colonie revient bredouille, l’un de ses compagnons régurgite un peu de sang pour l’aider à tenir jusqu’à la nuit suivante. « Ce comportement est vraiment exceptionnel, souligne Laurent Arthur, car celui qui donne compromet sa propre survie ».

Mais il sait qu’il pourra, lui aussi, compter sur les autres cas de besoin. Ces dons réciproques témoignent de la forte cohésion des groupes de vampires communs, constitués essentiellement de femelles jouant un rôle prépondérant. Buffon et Stocker avaient tout faux !

Alexandrine Civard-Racinais

Photo de une : Photo Laurent Arthur

A savoir :

Il existe trois espèces de vampires, cantonnées à l’Amérique du Sud et à l’Amérique centrale : le vampire commun (Desmodus rotundus), présent en Guyane française, le vampire à ailes blanches (Diaemus youngi) et le vampire à pattes velues (Diphylla ecaudata), plus rare.

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