La belle ville de Pau et ses environs du Béarn sont réputés pour leur « beau ciel bleu ». Ou pour les Béarnais le beth ceù de Pau. Cette particularité est-il un chauvinisme local ou une réalité expliquée par un micro-climat ?
Chaque clocher a son microclimat. Toujours pour se différencier en bien (évidemment) de son voisin. Ici, l’hiver est chaud, là la pluie est bloquée par la colline, et ailleurs le soleil brille plus fort et toute l’année. Chacun refait le bulletin météo à sa façon pour sa région.
En Nouvelle-Aquitaine, le plus célèbre des microclimats est celui de Pau. Il faut dire que les Palois et les habitants des environs portent haut et fort leur beth ceù de Pau (le beau ciel de Pau). Le spectacle est si beau qu’ils en ont même fait une chanson (voir ci-dessous).
Pour Philippe Valat, prévisionniste à la station Météo France de Pau-Uzein, le microclimat « doit avoir des caractéristiques très particulières avec des moyennes relativement basses ou hautes par rapport à la moyenne générale. » Des particularités qui vont induire des phénomènes touristiques, agricoles, sportifs.
« L’absence de vent qui caractérise le Béarn en est un. Il a permis l’essor de l’aéronautique ». Forts des relevés de vent réalisés par le docteur Meunier, les frères Wright décident de créer en 1909 à Pont-Long au nord de Pau, la toute première école d’aviation qui sera suivie par l’Ecole des troupes aéroportées (ETAP). Rien de mieux qu’un vent peu présent pour apprendre à sauter en parachute.
« De même, les vignobles du Jurançon ont pu se développer car ils bénéficient d’un automne très doux ». Associé un bel ensoleillement et une orientation sud, les vendanges peuvent s’étaler loin dans la saison et les raisins se gorger de sucres.
Effet de Foehn
Un atout climatique possible grâce à l’effet dit de Foehn. « Le flux dominant de la région de Pau est de sud sud-ouest. Or, dès que l’on a un flux de sud, les montagnes vont s’opposer au passage des perturbations. Les Pyrénées vont soulever l’atmosphère ce qui fait que du côté français les nuages ont disparu, la masse d’air s’affaissant. Cette compression de l’atmosphère permet alors le réchauffement. On retrouvera la perturbation plus loin dans les Landes ou le Gers mais le ciel bleu dominera à Pau. »
Un effet de Foehn qui permet une vraie douceur hivernale. Bien qu’aux pieds des Pyrénées, la neige est rare à Pau et si elle tombe elle ne passera pas la journée. « Il va neiger sur 5 jours dans l’année. Mais dès 10 heures, les températures remontent. Au final, seules une à deux journées ne connaissent pas le dégel. »
Les montagnes font alors place nette pour le Beth ceù de Pau.
Alexandre Marsat