«Yaurait-y pas comme un petit vent frais ? » va bientôt résonner comme un leitmotiv sur tous les apéros-pétanque des campings de France. Car le célèbre « petit vent », d’où qu’il vienne, est généralement frais. Du moins, c’est la sensation que l’on éprouve
Parce que tout le travail du corps consiste à maintenir sa température interne autour des 37° classiques, ce qui donne 33° au niveau de la peau. Celle-ci diffusant donc cette chaleur, l’ensemble du corps est recouvert d’une fine couche d’air de 1 à 3 millimètres, à la température que nous émettons, appelée couche limite, qui isole des variations de température et qui fait qu’un corps au repos émet constamment 100 watts. Or, en soufflant sur cette couche, le vent la perturbe et accroît les échanges entre le corps et l’air. Et ce presque constamment en extérieur : l’absence de vent est une illusion, il y a presque toujours des mouvements d’air, même si on ne les perçoit pas. Bref, la couche limite, c’est comme un tee-shirt au Groenland : c’est sympa mais pas très efficace.
Histoires d’eau
Tout ceci est dû à la manière dont le corps se refroidit. Même au repos, on transpire pour éliminer la chaleur produite par l’activité organique. Et en mouvement, c’est pire : l’activité musculaire n’a que 20 % de rendement énergétique ; le reste, c’est juste de la chaleur qu’il faut évacuer. Si on ne chauffe pas trop, la majeure partie de la transpiration est absorbée par des cellules sous la peau et ne perle pas.
Et si la température extérieure est inférieure à 33°, le refroidissement du corps se fait par convection (ben oui, comme un radiateur électrique, on est peu de chose) : un simple échange thermique où les molécules de l’air chauffées par notre corps échangent leur température contre d’autres, plus froides, de loin en loin. Mais, s’il fait trop chaud, cet échange n’est plus réalisable. De même, si on fait des efforts, la quantité de chaleur à évacuer est trop importante : on transpire. Et là, c’est l’évaporation qui fait le boulot : la transformation de cette eau de l’état liquide à l’état gazeux nécessite de l’énergie, qu’elle va prendre sous forme de chaleur sur la peau. Et donc on se rafraîchit. Le vent, en perturbant la couche limite, accroît l’efficacité de l’évaporation, et donc il rafraîchit. D’où l’utilité d’un éventail : pour l’agiter, on ne produit que 70 watts, qui permettent de dissiper entre 25 watts (quand l’air est très humide et empêche l’évaporation) et 480 watts (quand il est très sec). De même, quand on transpire, il est contre-productif de s’essuyer puisque l’organisme est obligé de produire à nouveau de la sueur en remplacement.
Toutes ces histoires d’eau, ça donne soif. Allez, apéro !