Image par Ricardo Parra de Pixabay

L’Aquarium du Limousin a rouvert ses portes. Les visiteurs pourront notamment y découvrir vingt hippocampes à gros ventre et leur progéniture. Cette espèce menacée y fait l’objet d’un programme de reproduction mené avec succès

En été, les nuits de pleine lune sont fécondes en surprises. « Ce matin, j’ai encore récupéré 6 petits hippocampes à gros ventre nés cette nuit » se réjouit David Branthome, directeur de l’Aquarium du Limousin qui participe à un programme de conservation de cette espèce présente dans les eaux du sud-est de l’Australie et de Nouvelle-Zélande.

Une poche proéminente chez le mâle, pour abriter ses œufs

Les premiers hippocampes, arrivés en 2020 en provenance de l’Institut océanographique de Monaco, s’étaient déjà reproduits avec succès. En avril 2021, huit nouveaux jeunes mâles sont venus grossir les rangs. L’unique mâle de l’effectif initial étant un peu trop sollicité par ces dames. Chez les hippocampes à gros ventre, c’est Monsieur qui « accouche ». Madame se contentant de déposer ses œufs dans la poche proéminente du mâle. Les œufs incubent ensuite pendant 4 semaines. Après leur expulsion, les juvéniles remontent à la surface où ils s’agrippent à n’importe quel débris ou déchet flottant. En 2017, l’image navrante d’un hippocampe d’une autre espèce, agrippé à un coton tige, avait ainsi fait le tour du monde.

Une espèce menacée par les activités humaines

La pollution de son habitat naturel n’est pas la seule menace qui pèse sur l’hippocampe à gros ventre, inscrit sur la liste rouge des espèces menacées (UICN). Sa grande taille (jusqu’à 35 centimètres à l’âge adulte) le rend particulièrement attractif aux yeux des aquariophiles. Séché, il entre aussi dans la composition de nombreux remèdes utilisés en médecine traditionnelle chinoise. Aussi l’Aquarium du Limousin a-t-il choisi de sensibiliser ses visiteurs à cette problématique. « Acheter un hippocampe séché sur un marché asiatique participe au commerce illégal » martèle David Branthome qui a aussi choisi de montrer les « coulisses » de l’élevage.

Très voraces, « les juvéniles prennent 8 repas minimum par jour  » et leur bassin est siphonné deux fois pour évacuer les excréments… De quoi faire réfléchir ceux qui rêvent d’adopter un cheval des mers miniature (ce qui est interdit par la loi car toutes les espèces d’hippocampes sont protégés).

Reproduire en captivité pour mieux protéger

Le dernier comptage* de l’aquarium fait état de 96 juvéniles. Seule un petite partie d’entre eux atteindra l’âge adulte. Membre de l’Union des conservateurs d’aquariums, l’Aquarium du Limousin partage aussi ses connaissances avec les autres aquariums de France. Échecs, réussites, questionnements… tout est mis en commun afin de gagner en efficacité et d’éviter de perdre des animaux.

Certains des jeunes hippocampes à gros ventre nés à l’aquarium partiront aussi vers d’autres structures afin de permettre un meilleur brassage génétique. Un jour, l’un de leurs descendants, sera peut-être réintroduit dans les eaux australiennes. Le 16 juin 2021, sept hippocampes mouchetés juvéniles nés au Centre monégasque de soins des espèces marines (CMSEM), relevant de l’Institut océanographique de Monaco, ont ainsi été lâchés en Méditerranée. « La réintroduction en milieu naturel est un rêve que l’on caresse tous et que l’on cherche à réaliser ». Raison de plus pour veiller, en parallèle, à la préservation de l’habitat de ces étonnants poissons.

Alexandrine Civard-Racinais

  • comptage effectué le 07/07/2021

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