Si les mille-pattes n’ont pas inventé les élections, c’est sans doute parce que c’était un peu long, pour les éventuels candidats, de serrer la patte à tout le monde pendant une campagne… Pour autant, ils n’ont pas tout à fait 1 000 pattes
Ils en possèdent beaucoup et… c’est très variable en fonction de l’espèce. Dire « le mille-pattes », c’est un peu facile : il en existe environ 15 000 espèces. Bref, il y a le choix entre les moins bien chaussés, qui n’ont que 20 pattes, et le recordman absolu, Illacme plenipes, qui se trimballe pas moins de 752 guibolles. Une espèce ultra-rare, redécouverte en 2006 en Californie, cantonnée sur moins de 1 hectare de terrain menacé par l’expansion urbaine de la Silicon Valley. Il est peut-être trop tard pour prendre ses jambes à son cou.
Reste que c’est, entre autres, leur nombre de pattes qui sert à les différencier des insectes, même si on fait parfois un amalgame rapide entre toutes ces char- mantes bestioles que l’on classe un peu trop vite dans l’espèce des « beurk ».
Quoi qu’il advienne, les insectes n’ont que six pattes. Ce qui exclut aussi les araignées, qui, de même que les scorpions et les acariens, sont des arachnides, lesquels ont tous huit pattes. Et les crabes, que certains classent par erreur parmi les arachnides, puisque, s’ils ont l’air d’avoir huit pattes eux aussi en ont dix : les deux supplémentaires ont évolué pour devenir des pinces. Tout ce petit monde se retrouve tout de même dans le très grand embranchement des arthropodes, animaux invertébrés (leur squelette est à l’extérieur) à corps segmenté, qui comprend 80 % des espèces connues du règne animal et dont le plus grand est le crabe géant du Japon et ses 4 mètres d’envergure. Cette classification n’est pas exempte d’autres surprises comme le cloporte, que l’on serait tenté de ranger parmi les mille-pattes alors que c’est un crustacé. Bon appétit…
Et tant qu’on fait des classements : il existe quatre classes de mille-pattes, dont les deux plus répandues sont les chilopodes (une paire de pattes par anneau) et les diplopodes (deux paires par anneau). Quoi qu’il en soit, le principal souci, dans leur vie, n’est pas le moment des soldes chez les chausseurs mais la marche. Pour avancer, il faut que toutes bougent en même temps. La scolopendre (photo), qui fait partie des rapides, lève 18 de ses 21 paires pour courir et ne repose plus que sur trois.
Mais la plupart, surtout chez les diplopodes, s’embrouillent un peu et finissent immanquablement par se vautrer quand ils se dépêchent. Ils se défendent donc soit en se mettant en boule (l’iule), soit en projetant un venin ou une substance qui repousse l’agresseur.
On peut toujours montrer patte blanche… mais laquelle ?