Ils sont partout. Dans l’air, l’eau ou les sols. Présents, là où on les attend pas : dans un médicament, un aliment ou une crème cosmétique, prenant parfois l’apparence inoffensive d’une bouilloire. Insidieuse et invisible, la menace n’en est pas moins réelle. Car les perturbateurs endocriniens menacent notre santé et notre environnement.
La sensibilité aux perturbateurs endocriniens (PE) varie selon les périodes de la vie. Les scientifiques appellent ces périodes des « fenêtres de susceptibilité ». Elles correspondent en particulier à la vie intra-utérine du fœtus, aux premières années de la vie et à la puberté. Aussi les femmes enceintes doivent-elles être particulièrement vigilants pour elles-mêmes et pour leur bébé à naître. Mais encore faut-il pouvoir identifier l’ennemi…
S’informer pour mieux se protéger
Une liste complète des substances perturbatrices devrait être disponible d’ici fin 2021 grâce au travail d’évaluation de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses). Il s’agit de l’une des treize mesures phares prévues par le deuxième volet de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens actuellement en cours. Les molécules seront classées en trois catégories : « suspecté », « présumé », « avéré ». En attendant, la liste mise en ligne par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) constitue la meilleure source d’information… pour les anglophones.
Manger bio autant que possible
Devant un tel foisonnement de molécules potentiellement toxiques, le citoyen lambda peut se demander comment diable limiter son exposition au risque. En s’intéressant en premier lieu à ce qu’il met dans son assiette, répond François Veillerette, directeur de Générations Futures qui se bat depuis plus de 20 ans contre l’usage des pesticides chimiques de synthèse. Les résultats du rapport Exppert 10 en attestent : « plus de 6 résidus de pesticides sur 10 quantifiés dans l’alimentation sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens ! Il s’agit donc d’une source majeure d’exposition de la population à ce risque » qu’il est possible d’éviter « en mangeant bio autant que possible ».
Bannir les produits chimiques chez soi
S’il est bien sûr impossible d’agir sur toutes les sources de contamination, « nos choix de consommation et nos comportements permettent de limiter notre exposition de manière conséquente », assure François Veillerette. Bannir les produits chimiques de sa maison fait partie des réflexes à acquérir. Afin d’aider les citoyens à se désintoxiquer, l’association environnementale a mis en ligne une brochure bourrée de conseils pratiques. Mais « pas de panique, il est normal de ne pas pouvoir tout faire d’un seul coup ». L’important étant déjà de s’informer pour mieux se protéger.
Alexandrine Civard-Racinais
5 (nouveaux) réflexes à adopter pour limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens
- Évitez de réchauffez vos plats, de boire et de manger dans des contenants plastiques.
- Pour la cuisson, privilégiez des casseroles et plats en inox, en fonte, en verre ou en terre cuite.
- Évitez l’usage de produits d’entretien « complexes ». Allez vers plus de simplicité et privilégiez le vinaigre blanc, le citron, le bicarbonate de soude et le savon noir.
- Évitez les meubles en aggloméré, surtout neufs. Préférez les meubles en bois brut non traité et les meubles d’occasion.
- Lavez systématiquement vos vêtements neufs avant de les porter ou achetez des vêtements de seconde main.